sanity for dinner (HOT) — sil

Tu t’éveilles doucement au rythme auquel les passants afflux dans cette rue commerçante. Tu devines, les yeux encore clôt, que la journée est donc partiellement avancée. Tu inspires profondément et cherche à tâtons ton téléphone portable dans les méandres du lit. Tes doigts fins le saisissent enfin et tu ouvres les yeux devant l’écran. Les douze appels en absence de ton père sont la première chose que tu vois. Tu déglutis et te mord la lèvre en appuyant sur la touche rappeler. Tu n’es jamais trop chaud pour une engueulade au réveil, même à deux heures de l’après-midi. Il t’assassine d’entrée avec l’éternel sermon. Il ne t’entretient pas pour que tu dépenses son argent sans gêne et que tu te permettes de dormir une demi-journée entière. Il te menace de te couper les vivres alors que tu sais pertinemment qu’il ne le fera pas car il tire un intérêt à la situation. Tu finis par ne plus l’écouter, tu t’es déjà extirpé du lit et t’es même debout devant la cuvette à pisser, ton sexe dans les mains et le téléphone coincé à ton oreille par l’épaule. Tu te permets de l’interrompre pour lui demander s’il peut abréger en te disant ce pourquoi il t’a appelé douze fois depuis le lever du soleil.

Tu ne te retiens pas de lâcher quelques jurons quand il t’annonce que tu dois te pointer à la maison ce soir pour le diner puisqu’ils reçoivent de la famille d’Ecosse. Si tu n’es jamais très enchanté à l’idée de faire le gamin de riche réussissant brillamment ses études et plein d’ambitions devant des gens importants pour ton père mais que tu ne connais pas, c’est toujours mieux que quand il s’agit de la famille. C’est plus fort que toi. Il te rappelle le passé, parce qu’ils respirent le passé. Le passé tu le hais. Ils te rappellent ton enfance, ils te rappellent ta mère. Tu ouvres ta penderie, sans lâcher le téléphone. Tu penches la tête, il n’y a qu’un costume de propre, tu vas jouer la carte du mensonge et extorquer de l’argent à ton père. Tu souris bêtement et lâche. « Tous mes costumes sont au pressing. Fait moi un virement que j’aille m’en acheter un neuf s’te plait. » Ton cher géniteur s’insurge, tu poses le téléphone sur le bureau, pas besoin du haut-parleur, il gueule suffisamment pour que tu saches quand il aura arrêté. Tu reprends l’appareil près d’une minute après afin de terminer la discussion. « 20h à la maison, c’est noté. N’oublie pas mon virement sinon je viens en survet’. » et tu raccroches.

Tu adores lorsque tu arrives à avoir le dernier mot avec ton père. L’emmerder est ton passe-temps favoris, peut-être parce que ta haine envers lui grandit au fur et à mesure. D’ailleurs, tu trouves que le coup du costume n’était pas suffisant. Tu as une bien meilleure idée. Tu cherches la personne idéale dans tes contacts et lui envoie un simple texto bien explicite – RDV comme d'hab, 7:45p.m, repas de famille –

[…] Quand l’heure fatidique approche, pas question d’utiliser le fric tout juste versé sur ton compte en banque pour acheter un nouveau costume, tu enfiles celui qui te restait. Tu détestes être en costume, tu ressembles à un pingouin et pourtant, tes costumes sont faits sur mesure. Tu n’es pas à l’aise dedans même si tu trouves qu’un homme en costume est sexy. Sur les autres, pas sur toi. Tu prends le chemin direction la zone pavillonnaire, et surtout, tu retrouves Sil à votre point de rendez-vous. Il monte dans la voiture à l'arrière, comme si c'était habituel d'enfiler un costume sur la banquette arrière. Il se change, passe sur le siège avant. Tu l’attrapes par les épaules et dépose un bisou sur sa tempe, juste pour le titiller un peu. « C’est que ça te va plutôt bien cette tenue ! » tu tires la langue et stationne devant chez ton père.

Un sourire aux lèvres, tu fumes tranquillement une clope en regardant les autres. Vous l’faites plus tellement souvent, vous rassembler comme ça. Ils te manquent pourtant. Parce que, finalement, c’est un peu ta famille. T’as grandi avec eux dans votre orphelinat du centre de Londres. C’était pas fou. Vous aimez pas tellement l’endroit. Pourtant, vous y reveniez. Constamment. Parce que c’était pas mieux ailleurs. Et puis peut-être aussi parce que vous vous aimiez.

La sonnerie de ton téléphone t’indique que t’as reçu un message. T’as presque envie de l’ignorer. Pour rester dans ton monde un peu plus longtemps. Mais l’appel de la curiosité se fait plus importante et tu finis par le sortir. – RDV comme d'hab, 7:45p.m, repas de famille – Tu souris en le lisant. Parce que tu sais très bien ce que ça veut dire. T’as pas fait ça depuis des années. Depuis que t’es parti de cette famille d’accueil stupide. Mais tu dois l’avouer, t’avais plutôt aimé celle là. Et c’était entièrement grâce à lui. Elijah. « Pourquoi tu souris comme un idiot ? » Tu lâches un petit rire à la remarque d’un des membres de votre petit comité. « Rien » Tu sais juste que ce soir sera une bonne soirée. Bourrée de provocation et de jeux stupides.

(…)

Cette fois ci, t’es à l’heure. Même légèrement en avance. Tu passes la main dans tes cheveux, les ébouriffant un peu plus. Eli ne tarde pas à arriver aussi, arrêtant la voiture devant toi. Et tu t’y faufiles, un léger sourire malicieux aux lèvres. Le costume que tu dois porter t’attend déjà là. Alors tu retires tes fringues comme si c’était tout à fait naturel avant de l’enfiler. Tu l’as probablement froissé. Peu importe. Ca te rappelle ces moments où ta famille te forçait à mettre ces foutus fringues pour assister à des diners emmerdant. C’est un peu là où tu vas finalement. Mais cette fois ci, y’a Elijah. Et ça, ça change tout.
Tu te glisses à l’avant, t’asseyant à coté de lui. Tu jettes un regard à sa bouille toujours aussi rousse. Ca fait pratiquement deux mois que vous vous êtes recroisés. Il a grandi. Toi aussi. Et pourtant, votre relation semble ne pas avoir bougé d’un poil. « C’est que ça te va plutôt bien cette tenue ! » Il te dépose un baiser sur la tempe et tu lâches un petit grognement de protestation. Tu l’vois sourire avant de redémarrer pour s’arrêter devant chez son père.

Tu sors de la voiture pour le rejoindre et ton regard se pose vraiment sur lui. Il n’est pas dégueu en costume non plus. Loin de là. Il vient remettre correctement le col de ta chemise et tu lèves les yeux au ciel « Hey, j’suis pas un gosse … Boyfriend. » T’esquisses un sourire avant de t’avancer vers la maison familiale. Il sonne, et toi t’attrapes sa main, mêlant ses doigts aux siens en riant d’avance sur le programme de la soirée.

Il est si particulier. Quelque chose en lui fait que tu y tiens singulièrement. C’est bien plus que toutes les formes d’amitié et pourtant ça n’a rien à voir avec de l’amour. Cela n’a pas vraiment de nom, votre relation, mais elle te convient et à priori elle semble également lui convenir. Vous étiez proches à l’époque. Vous partagiez des moments intimes, sur l’échelle de tous les types avec qui tu as couchés, Sil est plutôt bien situé, il est doué ou du moins il l’était. Vos chemins s’étaient séparés et tu ne sais pas pourquoi tu ne t’es pas obligé à garder contact. La vie est sûrement faite ainsi, après tout. Vos retrouvailles avaient été le fruit du destin mais tu ne pouvais pas t’en plaindre. La magie de la chose s’était que tout était redevenu comme avant, comme si rien n’avait changé. Vous aviez à nouveau votre même complicité.

Pendant que tu conduis, tu ne peux pas t’empêcher de jeter quelques coups d’œil dans le rétroviseur pour le regarder pendant qu’il se change. Il est beau mec, c’est un fait. Il a enfilé la chemise tout en la froissant. Si le fait que cela énerve un peu plus ton père était cool, tu trouvais que c’était tout de même un sacré manque d’élégance. Tu détestais peut être certaines règles de bienséances apprises tout au long de ta jeunesse, mais tu étais aussi d’accord avec certaines. Quand il passe sur le siège avant et que tu l’attrapes pour le taquiner, tu sais déjà que tu vas devoir arranger sa tenue quand vous serez arrivés. Il grogne de protestation, toi ça te fait marrer.

A peine stationné tu t’empresses de descendre pour te ruer sur lui et ajuster son col, tenter de défroisser la chemise. Tu grimaces, c’est peine perdue. Tu te dis que t’es un mec en or, ton pote est dans un costume italien à trois chiffres alors qu’il ne s’en doute certainement pas. «Hey, j’suis pas un gosse … Boyfriend. » Tu te mords la lèvre et lève les yeux vers lui, qui sourit. Vous avancez vers la demeure, tu sais qu’il ne faudra pas te démonter pour imposer Sil ce soir mais t’es prêt.

Tu sonnes et Sil glisse ses doigts contre les tiens. Un frisson te parcoure l’échine. T’as perdu l’habitude de ce contact, même si c’est joué. La porte s’ouvre sur le majordome. Tu respires une seconde en voyant que ce n’est pas ton père. Tu salut l’homme d’un signe de tête, t’apprêtant à rentrer quand ton père débarque dans la grande entrée de tu ne sais où. Il jette un œil à ta tenue, froidement, puis fixe Sil et fronce les sourcils avant de descendre les yeux sur leurs mains entrelacés. Tu tires Sil à l’intérieur afin que l’homme de maison referme la porte.

Ton père grogne presque comme un animal mais il s’efforce de faire bonne figure, ne remettant certainement pas le blondinet d’il y a quelques années. On ne sait jamais, le jeune homme pourrait hurler sur la place publique que monsieur Wemyss est homophobe. Il se force à sourire, cela fait ressortir toutes ses rides. « Elijah… tu aurais pu me demander l’autorisation de convier qui que ce soit ce soir… et je ne pensais pas que tu voulais offusquer tes grands-parents en leur montrant ta lubie…. » Tu lâches la main de Sil pour glisser la tienne dans le bas de son dos et le ramener contre toi, le contact physique fait blêmir ton père. « Tu t’souviens pas de Sil ? On s’est remis ensemble, hein ? » Tu t’adressais sur la fin à Sil en levant la tête vers lui dans l’espoir d’un baiser.

Tu trouves ça étrange. Cette façon de saluer les domestiques sans même ouvrir la bouche. Toi, tu leur parlais vraiment. Le majordome et la cuisinière étaient généralement tes personnes préférées dans ces maisons trop grandes. Ils s’offusquaient souvent de tes façons de faire, mais finalement, ils t’appréciaient plutôt bien. Petite bouffée d’air frais dans cet univers trop stricte. Toi, tu lui souris. Au majordome. « Hey, salut ! » Il te semble reconnaitre l’homme qui s’occupait déjà de la maison trois ans auparavant. Tu t’mors un instant la lèvre, te laissant entrainer vers Elijah à l’intérieur. Puis tu t’arrêtes brusquement. Son père est là. Face à vous. Tu sens son regard passer de l’un à l’autre en s’arrêtant un instant sur cette main qui vous lie. Et tu sers légèrement sa main un peu plus fort sous le regard.

« Elijah… tu aurais pu me demander l’autorisation de convier qui que ce soit ce soir… et je ne pensais pas que tu voulais offusquer tes grands-parents en leur montrant ta lubie…. » Tu le vois sourire. De ce sourire si peu naturel qu’il avait l’habitude de faire lorsque qu’Eli et toi faisiez des conneries en présence de gens importants. Et ça ne fait que te faire sourire un peu plus. Ta lubie. Stupide façon de parler de sa sexualité. Il détache sa main de la tienne et tu crains un instant qu’il ne cède à la pression paternelle et te demande de partir. Mais non. Non, il vient juste glisser sa main sur ton dos, puis sa hanche pour t’attirer un peu plus contre lui. Et toi, ça t’fait sourire de voir le regard du vieux s’écarquiller un peu. « Tu t’souviens pas de Sil ? On s’est remis ensemble, hein ? » Il te regarde sur la fin de la réponse et toi, tu te contentes de venir glisser ta main sur ta mâchoire avant de déposer tes lèvres sur les siennes avec un naturel déconcertant. « On aurait jamais dû se séparer, mon coeur »[/color] Tu souris malicieusement proche de ses lèvres, le smashant une seconde fois avant de te détacher, croisant un instant son regard. Puis tu te retourne vers le paternel, te séparant de ton soit-disant amoureux pour tendre ta main à son géniteur. « Content de vous revoir monsieur » Et tu souris. Franchement. T’attends impatiemment sa réaction. « Je suis désolé qu’Eli n’ait pas prévenu, j’espère que ça ne sera pas un problème » Tu t’étonnes toi même de ces efforts que tu fais là. Mais tu veux pas que le jeu ne se termine avant même d’avoir commencé.

La sonnerie retentit une seconde fois tandis que le majordome retourne ouvrir la porte. Ton regard se pose de nouveau sur le vieille homme qui a très bien compris, tout comme Eli et toi d’ailleurs, qu’il était désormais trop tard pour te faire partir. Les grands parents du roux entrent ainsi dans le hall tandis que tu retournes près de ton petit-ami de la soirée. Et tu viens souffler à son oreille avec une certaine malice « Game on … »

Cette spontanéité dont Sil peut faire preuve t’amuse. Il a l’attitude d’un enfant, pas comme toi, toi malheureusement tu as grandis trop vite. Il ne connaît pas les codes de la société dans laquelle toi tu as grandis. C’est particulièrement amusant parce que c’est exactement le genre de comportement dont tu as besoin pour énerver ton père. Il est psychorigide. Le voir se contenir quand tu connais toutes ses mimiques, c’est jubilatoire. Il est crispé, c’est un sourire crispé qui orne son visage ridé.  Plus tu te montres démonstratif avec ton petit ami du soir, plus son corps se raidit. Il est très certainement très heureux de ne plus t’avoir au quotidien. Tout ce qui se déroule sous ses yeux est peut être faux en ce que Sil et toi n’êtes en rien l’un avec l’autre, pourtant, ta nature est ce qu’elle est. La seule différence c’est l’homme à ton bras.

Alors que tu l’interroges pour le faire participer à la première scène de l’acte, il glisse ses doigts sur ta mâchoire, ton sourire s’agrandit avant de se refermer sur ses lèvres qui viennent se poser sur les tiennes. Tout est plus vrai que nature, peut être parce que vous vous connaissez l’un l’autre. Tu reprends ton sourire. « On aurait jamais dû se séparer, mon cœur » tu mordilles ta lèvre inférieur une microseconde et il revient à la charge pour un second baiser. Il joue le jeu spontanément et tu sais que tu n’auras que peu de perche à lui tendre, il agira de sa propre initiative. Il s’écarte légèrement de toi et tu sens un vide bizarre. Il tend sa main vers ton père. Cette main tu la fixes, tu sais pertinemment qu’elle restera dans le vide.  Ton père ne te fait pas mentir, il fixe lui aussi la main du blondinet en écarquillant un peu plus les yeux. Il lui annonce même qu’il est content de le revoir, trois ans après, tu m’étonnes. Il s’excuse que tu ais oublié de mentionner sa présence ce soir, espérant que cela ne posera aucun problème.

Tu jubiles déjà. Tu trépignes intérieurement c’est assez hallucinant. Ton toi intérieur fait des roulades à n’en plus finir. Il tente soudainement le poirier quand ton père s’apprête à répondre à Sil puis la sonnerie de la porte d’entrée retentit. Beaucoup d’émotions à la fois, le petit être intérieur ne sait plus où donner de la tête. Ton père blêmit sérieusement et donne l’instruction au majordome d’ouvrir. Tu le fixes un instant plutôt sévèrement. Il te menace d’avance de ne faire aucun faux pas. Tu le quittes des yeux et fixe sur ton visage de jeune adulte un sourire des plus faux en direction de tes grands parents paternels qui font leur entrée. Le souffle de Sil dans ton cou te distrait. Il lance la partie et ton faux sourire et happé par un sourire malicieux.

Les deux aïeux se présentent d’abord face à ton père qui, dans sa bonne figure légendaire tente d’adoucir la situation qui s’annonce d’une extrême délicatesse pour tout le monde. Ta grand-mère se tourne vers toi. Elle ne t’as jamais rien fait de mal et pourtant, tu ne l’aime pas. Tu sais qu’elle est tout aussi victime que toi des traditions qui ont tendance à étouffer cette famille, mais tu la hais de ne rien faire pour y changer. Elle change soudainement d’attitude à la vue de Sil. Elle se doute de quelque chose mais garde espoir que ce ne soit pas cela. « Qui est ce jeune homme ? Tu voulais nous présenter un ami ? » tu te doutais pertinemment qu’elle tournerait la chose de cette façon. Ton grand père, le portrait craché de ton père en encore plus âgé et abimé, se tourne du coup vers vous deux afin d’en savoir plus. Il est froid. Tout le monde est froid. Cela devient gênant et forcément les idées ont du mal à venir jusqu’à toi. Tu tentes le tout pour le tout et tu poses une main sur son torse, au niveau de la poitrine. « Non, c’est mon copain, mon amoureux quoi… on était ensemble déjà il y a deux-trois ans, et finalement on s’est remis ensemble.. » Tu essayes de paraître le plus assuré possible, pas évident face à ces deux vieux conservateurs.

Tu les as jamais rencontré. Les grand parents. Vos conneries avec Eli, c’était souvent devant des amis. Rarement devant la famille. Aujourd’hui, vous visez un peu plus haut. Plus fort aussi.

Tu sens le regard de la grand mère se refroidir quand elle pose les yeux sur toi. Quant au grand père, il semble ne pas avoir besoin de toi pour avoir le regard d’un iceberg. « Qui est ce jeune homme ? Tu voulais nous présenter un ami ? » T’esquisses un sourire. Cette manie de ne pas vouloir croire à l’évidence te passe clairement au dessus de la tête. Ils le savent pourtant, qu’Eli est gay. Il l’a pas tellement caché. D’ailleurs, il le cache toujours pas. Sa main vient se poser sur ton torse tandis qu’il répond avec une assurance légèrement défaillante. « Non, c’est mon copain, mon amoureux quoi… on était ensemble déjà il y a deux-trois ans, et finalement on s’est remis ensemble.. » Tu l’vois, qu’il est pas très à l’aise. C’est surement moins évident avec les grands parents qu’avec le reste du monde. Alors tu décides de reprendre le flambeau. Tu leur souris, passant la main dans le dos du roux. « Eli est vraiment formidable… » Tu le regardes un instant, te mordant un instant la lèvre. Tu sens le malaise autour de toi. Et t’aimes ça.

Un silence s’installe. Un silence un peu pesant. Finalement, le patriarche finit par guider tout le beau monde au salon en attendant que le reste des invités arrivent. Tu t’assoies à coté d’Eli, te contentant d’abord de t’assoir sagement. Les grands-parents ne cessent de vous fixer. De petits coups d’oeil indiscrets. Et ça te fait sourire. Le majordome apporte des boissons à chacun. L’ambiance n’est pas vraiment au beau fixe et ta présence y est surement pour quelque chose.

Rapidement, le frère et la soeur d’Eli finissent par arriver. Additionné par deux autres personnes dont tu ignores l’identité. Peu importe. Les hostilités sont prêtes à être lancées. Les regards de la grand mère se font toujours aussi présents. Alors tu profites d’un pour poser ta main sur la cuisse d’Eli. La grand mère s’étouffe à moitié avec son champagne tandis qu’un sourire vient gagner ton visage.

Tu te sens défaillir face à tes grands-parents. Tu réalises que dans l’optique où Sil était réellement ton petit ami, ce serait un véritable challenge que de leur faire accepter. Ta voix a changé, elle est douce, presque fébrile. Tu présentes Sil avec une douceur remarquable, il est ton copain, ton amoureux comme tu dis. Tu balbuties le même baratin qu’à ton père. Vous étiez déjà ensemble il y a quelques années et vous avez décidés de vous remettre ensemble car vous avez fait l’erreur de vous séparer. Tu cherches Sil du regard, t’aurais bien besoin qu’il prenne le relais pour le coup. « Eli est vraiment formidable… » Il te semble que ton grand-père marmonne dans sa barbe que c’est une aberration. Accompagné de quelques noms d’oiseaux. Ta grand-mère assassine son fils du regard, il est l’auteur de cette erreur humaine.

C’est tendu. Tu sens que la soirée risque de l’être jusqu’à la fin. Ton père guide tout le monde dans le salon. Tu cherches du regard tes frères et sœurs qui ne sont pas encore descendu. Tu n’as d’yeux que pour Sil, ça te permet d’éviter le regard oppressant des aïeux et également que le jeu soit plus vrai que nature. Tu laisses ton père faire la conversation.

Emerys et Eilynn daignent enfin arriver. Eilynn est au bras d’un grand qu’elle a présenté il y a déjà quelques temps. Il est pour ton père le gendre idéal. Elle l’a forcément mieux choisit que toi. Il est jeune médecin, riche et ses parents sont influents. Rien à voir avec Sil forcément. Le reste de ta famille paternelle arrive en même temps. Tu serres la main de ton beau-frère, celle de ton frère dans un mépris infini et tu finis par enlacer ta sœur. Elle se blottit presque contre toi. Elle te manque mais tu ne veux pas tomber là dedans. Tu déposes un baiser sur sa joue et elle termine le tour des invités.

Assit auprès du blondinet, tu  sens sa main venir se poser sur ta cuisse. Tu viens glisser la tienne par dessus pour la caresser et l’encourager. Tu remontes doucement tes doigts sur son poignet puis son avant-bras. Tu sens que ta grand-mère ne va pas tenir. Tu vas aussi profiter de la soirée pour faire le plein de tendresse avec Sil avant de retourner à ta vie de célibataire. Tu embrasses son épaule et vient lui murmurer des mots doux au creux de l’oreille. Ton sourire est enfantin, tes yeux pétillent. C’est facile de jouer la comédie avec Sil parce qu’il est attirant et que tu sais que tu peux profiter à fond sans aucun sous-entendu. Tu lui ajustes sans cesse ce col rebelle. Tu enchaines les petites attentions, faisant presque abstraction du lieu où vous vous trouvez.

Ce qui te ramène à la réalité, c’est ton beau-frère, debout, son verre à la main, demandant à ton père la main de ta sœur. Tu déglutis. C’était pas prévu d’assister à une demande en mariage à la con, surtout faite en public. Tu sais pertinemment que toi, personne ne demandera ta main à ton père. On te demandera en mariage personnellement. On épouse une personne, pas sa famille. Tu jettes un regard à Eilynn qui semble toute émue. Ça te fait chier ce mariage, alors tu vas tirer la couverture à toi. Ton père donne sa bénédiction, Eilynn se jette au cou de son médecin et l’embrasse. Tu t’adresses à Sil, un peu plus fort de façon à ce que ce soit audible. « Tu me demandes en mariage bientôt mon cœur ? » Tu serres tes mains sur son bras que tu caressais sans cesse. Ton père n’attends pas la réponse de ton petit ami éphémère. « tu m’excuseras, Elijah, mais vous attendrez d’être ensemble autant de temps qu’Eilynn et son fiancé.. Sil n’est peut être que passager dans ta vie… »

Tu le regardes puis regarde Sil et l’embrasse tendrement. Tu fais en sorte que cela dure. Tu fais de ce baiser quelque chose de sensuel et romantique sans tomber dans l’érotisme. Tu serais prêt à lui grimper dessus. Tu sens que les regards se sont détournés. Tu te mords la lèvre en te séparant de lui. C’est un peu frustrant, t’aimes quand même bien ses lèvres. Sil embrasse bien, ça te dérangerait certainement pas de ne pas quitter ses lèvres de la soirée.

Le petit groupe se disperse. Ton père ne peut s’empêcher de faire visiter sa demeure où ta chambre est en fait une salle de sport. Tu te lèves, la main de Sil dans la tienne. Tu l’entraines dans la salle à manger où le personnel s’affère à mettre la table. Tu te cales contre un mur et amène son corps contre le tien en tirant sur ses hanches fines. Sil est  à peine plus grand que toi, il te domine, l’illusion est parfaite. Tu lui souffles entre lui et toi. « je crois qu’on refera ça dans quelques années pour leur annoncer que tu m’as demandé en mariage… » tu grognes et termine par lâcher un juron tant ta famille à la con t’énerve.

Tu esquisses un doux sourire en le sentant faire. Toi aussi, finalement, t’es l’impression de te perdre dans ce mensonge agréable. Ses caresses, ses jolis mots. Un peu plus et tu pourrais presque y croire. Tes doigts dessinent des dessins invisibles sur sa cuisse. Devant toi, la mâchoire se sert souvent mais tu t’en fou. Tu le regardes un instant, souriant franchement. Il est con s’il ne peut pas accepter qu’Eli puisse aimer les garçons. Ca ne change pas grand chose pour lui après tout. Pourquoi s’en formaliser ?

T’es arraché de tes pensées par Eli qui se tend entièrement. Et tu suis son regard. Tu te contentes de les regarder. Les deux là. Parce que t’as beau être un connard, tu sais quand même respecter ça. Elle a l’air heureuse. Vraiment heureuse. Ton ventre se serre un peu. T’auras jamais tout ça toi. T’es pas comme eux. Tu regardes un instant Eli. Des fois, tu l’envies un peu. Peut-être que son père est un con fini, mais au moins il en a un. Un frère. Un soeur. Il n’a plus sa mère, mais il a eu le temps de se souvenir de son visage. C’est idiot, mais tu donnerais beaucoup pour ces diners de familles ennuyants à mourir. « Tu me demandes en mariage bientôt mon cœur ? » T’esquisses un sourire à sa demande, prêt à retourner dans le jeu. Tu t’apprêtes à répondre lorsque le père te devance. « tu m’excuseras, Elijah, mais vous attendrez d’être ensemble autant de temps qu’Eilynn et son fiancé.. Sil n’est peut être que passager dans ta vie… » Tu penses un instant à ses mots. Ses mots aiguisés comme des rasoirs. Blessants. Toi, ça te fait rien parce que ce n’est qu’un jeu. Mais ça, il ne le sait pas.

Eli passe sa main sur sa joue, t’attirant un peu contre lui pour capturer tes lèvres. Ta langue vient glisser contre la sienne, entamant une danse brulante. La chaleur monte malgré toi et t’oublie ton public le temps d’un instant. Ta main remonte dans ses cheveux, s’y égarant un temps avant que tes lèvres ne finissent par se détacher de lui. Ton corps s’est légèrement réveillé malgré toi. Désormais, les regards gênés vous évitent. Tout le monde se disperse et Eli attrape ta main pour t’éloigner. Il t’attire jusqu’à la cuisine puis contre lui. « je crois qu’on refera ça dans quelques années pour leur annoncer que tu m’as demandé en mariage… » Un sourire gagne ton visage. Tu te mors un instant la lèvre avant de lui répondre en le smackant doucement « D’ici là … P’tete qu’on te l’aura vraiment demandé … » Tu le regardes, passant vaguement ta main sur son torse. C’est étrange tout ça. L’impression d’échapper à ta vie. Ici, tu peux être n’importe qui. Surement pas toi. Tu serais pas digne de lui. Personne ne voudrait de quelqu’un comme toi. Certainement pas quelqu’un comme lui. Ca te prend le coeur un instant et tu viens enfouir ton visage dans son cou. T’y déposes de doux baisers. T’as si peu l’habitude d’être comme ça. Tendre. Mais t’es bien. Tellement bien.

Tu fermes un instant les yeux, te contentant de rester là. Bordel, t’aimerais bien y rester un peu plus longtemps, dans ses bras. Pour l’illusion d’une vie plus normale que la tienne. Et puis cette tendresse que personne ne t’a vraiment donné. Seulement, elle ne t’ai pas réellement destiné. Doucement, tu finis par te détacher de lui. Derrière vous, la cuisinière prépare le repas en vous ignorant. Tu t’approches vaguement pour observer la nourriture cuire. Pour toi qui ne mange pas tous les jours, ça ressemble presque à un miracle.

Tu sens que tu vas te laisser totalement prendre au jeu. Pas par amour, tu sais qu’entre lui et toi ce ne sera pas de l’amour. Tu veux juste t’enfermer dans une bulle de tendresse et prendre du bon temps en sa compagnie. Tu sais pas trop d’ailleurs comment tu peux arriver à être si fusionnel avec lui sans que cela ne devienne de l’amour. Tu ne sais pas si c’est la barrière du jeu. Tu n’y penses pas vraiment au jeu parce que si l’artifice est faux, le fond est vrai. Tu sais pertinemment que ta famille n’acceptera jamais ton homosexualité. Tu sais qu’on la tolère uniquement par intérêt. Alors si Sil n’est peut être pas l’homme de ta vie ou celui avec qui tu resteras jusqu’à la fin, cela change rien,  lui ou un autre, la situation sera la même.

Ta situation est pourrie. T’aurais préféré vivre avec moins d’argent si c’était la condition pour être accepté pleinement. Tu te poses souvent la question : est-ce que les choses auraient pu être différentes ? Si la situation d’attriste de temps en temps, tu as fini par te convaincre que tu ferais ta vie sans eux. Tandis que ton père assassine promptement Sil, tu te surprends à caresser son bras comme pour le rassurer. T’essayes de prétendre que non, Sil n’est pas seulement passager. Quel que soit la nature de votre relation.

La solution aux mots blessants ? Les différentes démonstrations. Tu embrasses Sil chaudement, tu essayes de ne pas franchir la ligne où ton corps pourrait te trahir. Sil est un homme, il t’a toujours plu beaucoup, tu céderais sans discuter. Même si les regards se sont détournés, tu mets du temps à lâcher ses lèvres. T’aimes être contre lui, t’adores ses lèvres, tout son corps même. Tu te souviens des nuits que vous passiez ensembles, Sil était à l’époque l’un des meilleurs.

Vous vous retrouvez l’un contre l’autre dans la cuisine. Il n’y a de présents que le personnel à qui vous n’avez rien à démontrer et pourtant, tes mains ne quittent pas ses hanches et lui dépose un baiser sur tes lèvres. Tu te vois déjà jouer une prochaine scène dans quelques années où vous serez fiancés. Sil n’a pas l’air de ton avis, sa remarque te rend mélancolique. Il effleure ton torse, tu frissonnes, il enfouie sa tête dans ton cou et tu fermes les yeux. Son souffle court s’élance dans tout ton corps. Tu glisses tes doigts dans ses cheveux et tu profites simplement de l’étreinte.  Tu lui fait une promesse, au creux de son oreille, afin d’être certain qu’il soit le seul à l’entendre. « Je te promet de pas t’abandonner. » Tu ne sais pas trop pourquoi tu te sens obligé de lui promettre. Mais tu y tiens. Sil est important pour toi. Il y a des choses que l’on n’explique pas.

Il se détache de toi et tu rouvres les yeux. Dur retour à la réalité. Tu aurais voulu que cela continue. Peut être que tu lui proposeras de passer la nuit chez toi, juste pour une étreinte jusqu’au lever du jour. Tu le regardes s’éloigner de toi mais tu n’aimes pas quand il n’est plus contre toi. Ce soir, tu sais pertinemment que t’as besoin de lui, juste pour pouvoir oublier le reste. Tu glisses ta main droite sur sa hanche que tu caresses maladroitement de ton pouce. Tu penches la tête afin de regarder ce qu’il fixe de cette manière. Le repas semble lui convenir. Tu esquisses un sourire. « j’suis toujours content de venir ici juste pour la bouffe ! »

Tu ris et te détache de lui cette fois-ci pour observer le spectacle qui se joue dans l’entrée où ton père crache son venin en décrivant un tableau qu’il a acheté plusieurs milliers de livres. Tu restes dans l’encadrement de la porte quand la porte d’entrée s’ouvre  si violemment que le majordome a du mal à la retenir. Tu secoues la tête. «  La cerise sur le gâteau, ma chère et tendre belle mère… » La grande blonde pulpeuse et refaite s’avance avec extravagance vers le petit groupe. Elle embrasse tout le monde sans contact entre sa joue et la leur, sait-on jamais, les fils pourraient péter. Elle se tourne alors vers toi, tu sais que tu vas devoir faire un effort considérable pour ne pas l’insulter. « Oh.. Elijah.. tu as fait l’effort de venir voir tes grands parents ? » Tu sers les dents. Ce que tu voudrais retourner dans les bras de Sil pour t’enfermer dans votre bulle.

Ses doigts glissent doucement dans tes cheveux trop blonds. C’est troublant. T’avais oublié à quel point c’était agréable. De sentir la tendresse d’un autre. Ou peut-être que ça ne l’était pas autant. Surement parce que t’en as plus besoin qu’avant. Tu sais pas tellement. Mais ton coeur se réchauffe doucement à chacun de ses mouvements. T’as pas l’habitude. « Je te promet de pas t’abandonner. » Un frisson te parcourt entièrement à ses mots. T’aimes pas tellement ça, ces promesses à base de toujours. C’est effrayant. Parce que personne n’est toujours là. Et ils finissent tous par abandonner. Tu l’as appris à base de coup de poings dans la gueule. Personne n’est pas pour te sauver. T’es tout seul.
Tu réponds rien, te contentant de te détacher doucement de lui. Tu t’éloignes un peu. T’observes la bouffe tandis que du bruit commence à se faire entendre dans le hall. Les invités redescendent. Tu sais pas tellement si c’est pour ça, où juste pour être là, mais Eli vient près de toi afin de caresser doucement ta hanche. « j’suis toujours content de venir ici juste pour la bouffe ! » Tu te tournes légèrement vers lui, esquissant un sourire. C’est vrai que t’as toujours aimé ça. La bouffe dans tes familles d’accueil les plus friquées. « Ca a l’air vraiment bon ». Toujours des trucs un peu dingues cuisinés à merveille. Et comme pour répondre à l’appel de la nourriture, ton ventre grogne doucement.

Tu te retournes vers lui, retrouvant ce sourire que tu avais égaré dans un instant de mélancolie. Dans la pièce d’à coté, la voix grave du père résonne, agressive. Tu le regardes s’approcher pour observer. «  La cerise sur le gâteau, ma chère et tendre belle mère… » Tu esquisses un sourire pour t’approcher aussi et observer l’entrée de la fameuse belle mère. Tu te souviens d’elle. Petite pétasse sur pattes. Depuis, elle s’est fait refaire le nez. Et ses pommettes sont remontées. « Oh.. Elijah.. tu as fait l’effort de venir voir tes grands parents ? » Tu t’approches de lui, passant la main dans son dos. « Oh, vous avez changé. Le nez non ? » Tu la regardes avec provocation, montrant ton propre nez. Elle ne se souvent probablement pas de toi. Après tout, tu n’as été là que deux petits mois, passant parfois pour marquer les diners et te perdre dans le lit d’Elijah. Ta remarque ne semble pas lui plaire. Tant mieux. Tu souris, attrapant la main d’Eli pour l’attirer jusqu’à la salle à manger « Tu viens, je suis sur que ta grand mère est impatiente de continuer notre discussion »

Tout le monde s’installe peu à peu. Et de nouveau, tu prends place à coté de lui. En face de toi, le père et la belle mère. Tu jettes un petit coup d’oeil à ton petit ami, haussant un sourcil avec l’air de dire ça promet. La discussion démarre presque immédiatement sur le travail du fiancé de la soeur. Un travail important. Toi, tu t’fais chier, alors doucement, tu viens titiller Eli, jouant à dessiner sur sa cuisse. « Et vous, que faites-vous dans la vie ? » Tu redresses brusquement la tête en comprenant que la question t’es destiné. Merde. Tu te mords un instant la lèvre. « Mh… Des études. » Tu réalises rapidement que c’est un peu vague. T’avais pas vraiment pensé à ça. « … De marketing » Tu sais pas tellement pourquoi t’as dis ça. C’est venu tout seul. Tu jettes un regard à Eli. Tu lui as jamais dis ce que tu faisais depuis. T’as jamais dis que t’as arrêté l’école. Ou que tu vis dehors. Ou que tu vends ton corps. De toute façon, tu comptais surement pas lui dire.

Tu ne peux pas te montrer totalement négatif face à tes origines et à ce que tu as vécu durant quinze ans.  Il y avait quelques aspects de ta vie plutôt agréable et la qualité des repas en fait partie. Le personnel de tes parents était toujours extrêmement doué en matière de gastronomie du monde entier. Sil pouvait ainsi tirer profit de sa soirée à tes côtés, si ta présence et le fait de faire chier ton monde n’étaient pas assez gratifiant, il restait le repas.

Tu restes peu sur cet épisode de la nourriture. Le diable vient de faire son entrée. Tu te doutais bien qu’elle allait être là ce soir, comme à chaque fois. Elle te répugne. Comment ton père a-t-il pu remplacer ta splendide mère par une pétasse comme elle ? Dans ton souvenir, ta mère avait une longue chevelure rousse, quelques tâches de rousseur sur le visage, elle était grande, sa posture respirait le respect. La femme actuelle de ton père n’avait aucun des charmes écossais ni même une famille ou un compte en banque honorable. Tu t’es toujours dit qu’il s’agissait de sa secrétaire, avec laquelle il devait certainement tromper ta mère depuis des années et qu’à la première occasion il l’a sortie du placard.

Elle ne peut pas t’encadrer et ça tombe bien, toi non plus. Tu l’observes. Elle est encore plus horrible depuis qu’un tractopelle lui est passé dessus en guise de chirurgien esthétique. Sa remarque t’hérisses le poil mais Sil a bien compris qu’heureusement qu’il était là ce soir, sinon tu n’aurais pas tenu. Il glisse sa main dans ton dos et tu lui souris tendrement alors qu’il dévisage la grande blonde. «Oh, vous avez changé. Le nez non ? » Ton sourire s’agrandit et tu ne peux t’empêcher d’ajouter : « Entre autre. » Elle perd son air de dédain, c’est un sujet sensible. Son visage se durcit, tu dis qu’à tout moment tout va péter, sa poitrine pareille, et vous allez vous retrouver recouvert de silicone. « Sil … t’as pas changé toi, toujours le physique d’un enfant. Ils te demandent ta carte d’identité dans les bars je suppose. »

Tu trouves la remarque complétement idiote. Toi c’est son physique juvénile qui te plait le plus chez lui. Cela ne vaut pas la peine de répondre. Sil t’attrapes pour t’emmener dans la salle à manger. «Tu viens, je suis sur que ta grand mère est impatiente de continuer notre discussion »

Tu t’installes près de Sil.  En face, ton père et ta belle-mère. Génial. Tu te concentres sur ton assiette et sur ton petit ami. De toutes façons, les discussions se focalisent sur le couple tout jeune fiancé. Tu notes dans un coin de ta tête qu’il faut que tu fasses la morale à ta sœur. Sil dessine du bout des doigts sur ta cuisse, tu lui adresses des sourires en coin. Tu te mords la lèvre. T’as envie d’aller t’enfermer quelque part avec Sil pour prendre du bon temps à deux. Vous êtes tirés de votre rêverie commune par une question adressée à Sil. Tu regardes l’interlocuteur puis tu regardes Sil. Tu te rends compte que tu ne lui as jamais demandé ce qu’il faisait maintenant. Tu souris à sa réponse et lui fait un bisou sur la joue. Même si tu trouves ça louche. Tu n’imagines pas Sil dans ce type de domaine, mais tu respectes. Au pire tu lui poseras la question plus tard.

Son interlocuteur, un oncle éloigné dont tu ignores carrément le nom semble obnubilé par Sil qui malheureusement l’a lancé sur quelque chose qu’il a l’air de connaître. « Vous avez un plan de carrière ? Vous avez surement une idée précise du champ dans lequel vous souhaitez vous concentrer. » Tu inspires et glisse ta main dans l’intérieur de sa cuisse, c’est instinctif chez toi. Tu t’empresses de répondre à sa place, en lui demandant son aval du regard. « Je pense que c’est trop tôt. Sil est plus jeune que moi, il commence à peine le marketing, je me trompe mon cœur ? » Tu lui souris naturellement puis profite que la discussion se recentre vers autre chose.

Ta grand-mère fixe avec ses yeux ronds Sil. Elle décortique chacun de ses gestes, de sa façon à saisir la fourchette, de mâcher, de se tenir. Tu trouves que pour quelqu’un pour qui les bonnes manières sont de rigueur, elle est extrêmement impolie. Tu profites que la discussion soit portée sur un sujet politique pour faire quelques messes basses avec ton amoureux de l’instant. Ta Barbie de belle-mère te fixe d’un regard noir et te rappelle à l’ordre à multiples reprises. Tu sors de tes gongs violemment. « Oui bah c’est bon ! La géopolitique ça m’en touche une sans faire bouger l’autre, me casse pas les couilles. » Tu te lèves, balance ta serviette dans l’assiette et sort de table. Un froid s’est installé. Ton père bouillonne tandis que sa femme le supplie d’intervenir en sa faveur. Tu quittes la pièce.

Ce que tu redoutais arrive et l’homme rebondit sur ta réponse. « Vous avez un plan de carrière ? Vous avez surement une idée précise du champ dans lequel vous souhaitez vous concentrer. » Ton corps se tend entièrement tandis que tu jettes un petit coup d’oeil à Elijah. Tu n’as aucune idée de ce que tu pourrais répondre à cette question. Ton coeur bat fort dans ta poitrine. Heureusement, ton acolyte vient à ton secours, glissant sa main sur l’intérieur de ta cuisse en répondant lui même à la question. « Je pense que c’est trop tôt. Sil est plus jeune que moi, il commence à peine le marketing, je me trompe mon cœur ? » Son regard se pose sur toi et tu secoues doucement la tête. « Je viens de commencer … »

Le sujet change, se tournant vers la politique. Les voir débattre sur un sujet que tu ne maitrises en rien te déroute un peu. Tu te forces à agir correctement, observant la façon de faire d’Eli. Rien que les couverts sont un vraie galère. T’as pas habitué à tout ça. Et les peu de fois où tu as participé à des diners de ce gens, tu te donnais du mal pour agir le plus mal possible dans l’espoir de retourner à l’orphelinat pour attendre que tes parents à toi reviennent te chercher. Aujourd’hui, c’est différent. T’es là pour être le petit ami d’Eli. Et quelque part, tu veux en être digne. Tu souris lorsqu’il vient te sortir des conneries à l’oreille. Puis tu lui réponds. Et cette toute une conversation qui s’installe sous le regard réprobateur de la bimbo refaite. Tu sens Elijah perdre progressivement patience, et pour le calmer, tu glisses ta main dans la sienne, caressant sa peau avec ton pouce. Mais tu comprends rapidement que ça ne suffit pas. Chaque remarque de la blonde fait monter la pression de plus en plus. Et finalement, l’explosion. « Oui bah c’est bon ! La géopolitique ça m’en touche une sans faire bouger l’autre, me casse pas les couilles. » Tu restes un instant figé tandis qu’Eli fuit la salle à manger pour remonter. Le silence est pesant et tu ne tardes pas à sortir toi aussi de table pour aller à sa poursuite. « Eli ? » Tu passes la main dans tes cheveux tandis que tu entends de petits chuchotements provenant de la salle à manger. Tout ça t’exaspère.

Finalement, tu le retrouves. Là. Dans son ancienne chambre. Tu t’approches doucement jusqu’à passer la main dans son dos. Tout tendrement. « Hey, ça va…? » Tu te mords la lèvre en l’observant, dos à toi.

Le deal en théorie c’est ta présence, simplement ta présence. Ton père le sait, et il a totalement mit de côté l’idée de pouvoir faire de toi sa marionnette. Tu dois être là pour qu’il évite de devoir répondre toujours aux mêmes questions, pour éviter de s’étaler à ton sujet. Ainsi, si les invités avaient des interrogations à ton sujet, tu t’en chargeais. Pour autant, jamais ton père n’allait passer la soirée à te rappeler à l’ordre sur ton comportement. Sauf que l’autre connasse n’était pas du même avis, plus elle peut te pourrir, plus elle le fait. Tu sais qu’en théorie t’aurais dû te retenir, tu sais même que si cela n’avait pas été uniquement des membres de ta famille, tu aurais sûrement obéis. Mais là c’est trop, personne n’avait remarqué vos apartés. Elle faisait ça uniquement pour te pousser à bout. Alors c’est vrai qu’elle avait réussi.

Tu balances ta serviette dans l’assiette pour marquer la fin de ton repas. Tu te lèves et tu quittes la pièce. Pendant une seconde, tu ne penses pas à Sil et au fait que tu l’abandonnes à cette table de l’hypocrisie. Tu pars t’isoler dans cette chambre qui n’avait jamais vraiment été la tienne, elle ne ressemble en rien à une chambre qui aurait pu t’appartenir. Tu la détailles. Tu t’imagines l’espace d’une seconde vivre ici, dans ce carcan. Tu es heureux de ne pas y vivre.

Ses doigts dans ton dos te ramènent à la réalité. Sil t’as rejoint. Tu voudrais t’excuser de l’avoir laissé là bas mais tu ne peux pas, c’était trop pour toi. Tu continues de fixer ce lit, parfaitement fait. «c’était pas prévu.. désolé..  ça va toi ? » Tu daignes enfin tourner ton regard vers son visage. C’est tout ton corps qui vient se tourner vers lui afin de se blottir dans ses bras. Tu cherches pas trop à comprendre ce qui te prend, t’as simplement besoin de cette tendresse qu’il t’offres depuis que tu es en sa présence.  Tes doigts viennent effleurer ses hanches, puis le bas de son dos. Tu te concentres sur son rythme cardiaque et son odeur. Tu fermes les yeux et relevant le visage légèrement, tu viens déposer de tendres baisers dans son cou.

Tu es décidé à vous maintenir dans une bulle impénétrable. Tes mains remontent le long de ses côtes pour s’échouer sur ses épaules et lui ôter la veste du costume. Tu l’as balance sur un fauteuil situé derrière vous.  Tes doigts s’approprient lentement son torse frêle, redécouvrant son corps avec une douceur infinie. Tu serres tes doigts autour de la cravate pour embrasser ses lèvres, un petit sourire restant figé. C’est tout ce que tu veux ce soir.

Cette situation est tellement étrange. T’as pas l’habitude d’être comme ça. Tendre. Les années ont construit une carapace autour de toi. Chaque année la renforçant un peu plus. Et t’éloignes progressivement toutes les personnes qui tentent de la percer. Avec Elijah, c’est différent. Parce qu’il y était déjà. Dans la carapace. Mais ta vulnérabilité face à lui t’effraie. Sa tendresse t’effraie. Presque autant que tu l’apprécies. « c’était pas prévu.. désolé.. ça va toi ? » Tu souris légèrement lorsqu’il vient se blottir contre toi. Là. Tout tendrement. Et instinctivement, ta main remontre dans ses cheveux que tu caresses doucement. « Ca va … » Tu fermes aussi les yeux, te contentant de profiter de cet instant de calme.

Ses lèvres dans ton cou te fait doucement frissonner. Puis ses mains remontent jusqu’à tes épaules pour retirer ta veste. Tu te laisses faire, pourtant, ton corps se crispe légèrement. Non pas que tu n’en aies pas envie. Elijah a toujours su attiser un désir irrépressible. Aujourd’hui encore. Et pourtant, il y a cette barrière. Cette barrière invisible et pourtant si présente. Ton coeur se serre un peu. La vérité, c’est que t’as la trouille. T’es tellement habitué à baiser avec des clients que le sexe s’est transformé en une sorte d’obligation. Tu fermes les yeux tandis que ses doigts passent doucement sur ton torse. Tu veux pas le laisser voir ton malaise. Tu veux pas qu’il sache. Surement pas. Pas lui. Tu veux qu’il continue à te voir comme celui que tu étais. Pas celui que tu deviens. Tu rouvres les yeux tandis qu’il attrape ta cravate pour t’attirer un peu plus contre lui, capturant tes lèvres avec envie. Et toi aussi t’as envie. Bon dieu que t’as envie. Ta main descend sur sa nuque alors que vos langues se mêlent sensuellement. Il faut que tu arrêtes d’y penser. Que tu te laisses juste aller. Comme avant. Y’a longtemps. Quand tu t’es perdu dans ses bras pour la première fois.

Ses mains gagnent ta chemise tandis que tes lèvres sont toujours contre les siennes. Tu le sens détacher chaque bouton avec une agilité certaine. Arrêter d’y penser. T’es juste avec quelqu’un que t’aimes bien. C’est pas comme les autres. Ici, t’en as vraiment envie. T’aurais dû boire un peu plus. Ne penser qu’à lui aurait alors été tellement plus simple. Tu te détaches un instant de ses lèvres pour le regarder. Ta main passe un instant sur sa joue. Et tu souris doucement. Ca va aller. C’est lui. Ca va aller. Et tu viens de nouveau gagner ses lèvres, tirant finalement sur sa cravate pour la lui retirer, la balançant un peu plus loin.

Il ne te donne pas l’impression de vraiment se donner avec toi. Tu t’en fiches, tu ne lui en demandes pas tant.  Il ne semble pas pour autant te retenir quand tu lui ôtes les premières pièces de ses vêtements. Tu parcoures ses courbes, le temps vous guidera. Tu te questionnes quelques secondes. Est-ce que tu le veux vraiment ou est-ce que là encore c’est un jeu de rôle pour emmerder ta famille ? Tu trouves facilement la réponse. Tu te fiches bien du lieu et du moment. Tu fais ça parce que t’as besoin de t’isoler avec lui. Sil est parfait pour cela. Tu le connais. Tu connais son corps. Tu sais qu’avec lui tout ira forcément bien.

Ta langue vient heurter la sienne et tu sens enfin qu’il participe à l’étreinte. Tu ne peux pas t’empêcher de sourire en l’embrassant. Tu frisonnes quand il glisse sa main dans ta nuque. Tu viens déboutonner lentement, un à un, les boutons de sa chemise. Tu redécouvres ce corps avec qui tu as joué plusieurs fois étant plus jeune. Dire qu’il a changé ce serait mentir. Il a peut être un peu mûri mais ça te plait toujours autant. Sa chemise ouverte, tu t’écartes pour le regarder. Il est beau. Tu ne te prives pas de le regarder. Tes mots se permettent de transmettre ta pensée. « t’es beau.. » T’as un regard de petit garçon qu’aurait placé devant une vitrine de jouets. Sauf que là t’as entièrement le droit de toucher. Il effleure ta joue, tu réponds à ton sourire. Entre vous c’est naturel. Il t’attire à lui en te tenant par la cravate, il te l’ôte et la balance. Tu lui retires sa chemise aussitôt et te détache à nouveau pour te déshabiller aussi. Tu vas claquer la porte de la chambre et la fermer à clef. Définitivement, tu ne veux pas qu’on t’interrompe.

Tu regagnes le centre de la pièce pour grimper sur le lit avec lui. Tu lui retires le pantalon du costume. Tes lèvres viennent se promener de façon rectiligne sur son ventre, de l’élastique de son sous-vêtement à son  nombril. Ta langue glisse sur le duvet blond. Tu lèves les yeux vers lui et remonte lentement. Ta langue et tes dents viennent chatouiller à tour de rôle les pointes de chair. Tu sais que tu as une longueur d’avance par rapport aux autres amants qu’il peut connaître, tu sais ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas. Tu te laisses tomber sur le matelas en l’attirant à toi. Tu ne quittes plus ce sourire qui s’est fait une place sur ce visage si souvent triste.

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Ta chemise s’ouvre peu à peu sous les doigts habiles de ton ancien amant. Ou futur amant. Un peu des deux surement. Tu souris en sentant son regard. Puis en entendant ses mots. « t’es beau.. » Tu te mords un instant la lèvre avant de l’attirer un peu plus à toi, détachant sa cravate.Tu le regardes s’éloigner, balançant ta chemise au passage. Il continue de te regarder et ça te fait sourire quand tu le vois se déshabiller lentement sous ton regard. Sa veste. Puis sa chemise. Les deux termines sur la chaise dans un coin de la pièce. Toi, t’observes son corps parfaitement sculpté. Pas trop mince. Pas trop musclé. Juste cet entre-deux parfait. Tu esquisses un léger sourire lorsqu’il ferme la porte à clef. Ca y est. Tu vas coucher avec un garçon dont tu es vraiment attiré pour la première fois depuis des semaines. C’est étrange. Tellement étrange. Pas d’argent en jeu. Juste son plaisir et puis le tient.

Eli s’approche de nouveau de toi, te poussant légèrement sur le lit. Tu t’allonges un instant avant qu’il ne se penche pour détacher ton pantalon, faisant augmenter doucement ton désir. Ton membre est désormais bien excité, enfermé dans ton boxer. Tu t’allonges, soulevant tes fesses pour lui permettre de retirer le pantalon. Et tu le regardes faire, appuyé sur tes avants bras, lorsqu’il s’approche de toi, venant faire glisser sa langue sur ton torse dénudé. Tu soupires doucement, fermant les yeux un instant pour simplement profiter de la sensation de sa langue humide sur ton corps brulant d’envie. Tes yeux se plongent dans les siens tandis que sa bouche t’arrache un soupire de plaisir. Tu viens glisser la main dans ses cheveux sans cesser de le regarder. Il connait tes points faibles, tes préférences. Il se souvient. Cette idée te réchauffe doucement le ventre.

Son visage arrive au niveau de lui et tu souris lorsqu’il se laisse aller sur le matelas, échangeant vos places. Ton doigt effleure doucement sa peau, un sourire malicieux sur les lèvres. T’aimes le sentir frissonner sous tes doigts. Avec un désir plus apparait, tu viens capturer ses lèvres. Moins doucement. Plus fougueusement. Ta langue vient se mêler à la sienne, jouant quelques instants. Puis tu viens détacher son pantalon pour le lui retirer, virant également le boxer. Tu l’regardes un temps, te réinstallant à califourchon sur lui. Puis ton visage vient s’égarer dans son cou, le léchant, le mordant. Tu viens titiller son lobe d’oreille, bougeant lentement contre lui. Et progressivement, ta langue à toi aussi vient découvrir son torse, gouter à sa peau. Tu descends lentement. Très très lentement. T’observes chacune de ses réactions, comme pour réapprivoiser son corps. Tes habitudes de travail reviennent sans même que tu ne t’en aperçoives. Trouver ou retrouver les points faibles. Ton visage parvient au niveau de son bas ventre. Tu le regardes, cherchant dans son regard le désir que tu veux y voir. Tes doigts capturent son membre tendu et la langue vient s’y égarer pour le sentir vibrer.

C’est la première fois de ta vie que tu retombes dans les bras d’un amant plusieurs années après. C’est une sensation particulièrement étrange. Tu ne découvres pas son corps, c’est plus ou moins du déjà vu. En fait, ton esprit vient noter ce qui a changé. Tu marques de tes lèvres ce corps déjà parcouru auparavant. Tu aimes posséder entièrement tes partenaires. Avec Sil, ça ne change pas.

Tu te laisses tomber sur le matelas et il vient te posséder. Ses doigts sur ta peau te font frissonner, tu l’observes. Il a un sourire presque enfantin sur le visage, cela te faire sourire à ton tour. Il vient t’embrasser fougueusement et tu n’hésites pas à lui répondre avec la même ardeur. Il ôte les dernières barrières de tissus qui le privent du restant de ton corps. Il s’installe sur toi à califourchon, cette position est très érotique. Il enfouie son visage dans ton cou et tu glisses instantanément tes doigts dans sa chevelure blonde. Tu fermes les yeux et tu savoures la douceur de ses lèvres comme la fougue de ses morsures. Ton corps réagit vite à cet affront. Il descend lentement sur ton torse. T’essayes de faire durer l’érotisme de la situation, tu ne veux pas te précipiter, chaque seconde compte.

Ton corps ne peut mentir sur l’effet que cela te fait. Tu continues de le fixer et tu lui donnes le feu vert comme tu as la sensation qu’il te le demande. Ses doigts se posent sur ton membre et ton bassin fait un léger mouvement en avant. Tu adores le contact avec ses doigts chauds. Sa langue vient rejoindre ses doigts et tes yeux se ferment. Tu balances ta tête en arrière et tu soupires. C’est un plaisir infini.

Sa main accompagne allégrement le mouvement de ses lèvres. Tu te fais la réflexion qu’il fait ça mieux qu’avant, déjà que c’était formidable. Il fait monter le plaisir progressivement et te contenir est difficile. Tu caresses lentement ses cheveux et accompagne sa succion de petits mouvements du bassin. Tu ne le laisses pas trop s’attarder, tu ne veux pas te contenter d’une telle gâterie. Tu le forces à se redresser pour capturer à nouveau ses lèvres charnues. Tu l’embrasses langoureusement, ta langue joue avec la sienne. Tu l’allonges à son tour sur le matelas et prends possession de son corps. Tes lèvres viennent se poser sur son membre tendu. Tu le fait coulisser jusqu’au fond de ta gorge. Tu savoures déjà ce coït.

Tes doigts caressent sa peau tandis que ta langue glissent sur son membre bandé cherchant à faire montrer son plaisir. Là, progressivement. C’est différent de d’habitude. Cette fois, t’y prend réellement du plaisir. T’aimes le sentir vibrer. L’entendre gémir. Ca t’excite un peu plus. Sa main accompagne tes mouvements, caressant vaguement tes cheveux. Tes vas et vient se font plus rapides. Plus amples aussi. Tu alternes parfois par de petits coups de langues bien placés.

Tu finis par te redresser lorsqu’il te repousse doucement. Ca te fait un peu sourire. Tu viens capturer ses lèvres avec désir, plaquant ton corps contre le sien. Tes mains s’égarent sur sa peau tandis que ta langue se perd contre la sienne. Finalement, t’as réussi à mettre des doutes de coté. A avoir envie de lui sans penser au reste. Ce soir, il n’y a que lui et toi. Une petit bulle de vos deux corps au milieu du chaos de vos vie. Tu mords malicieusement sa lèvre avant d’y passer ta langue, le regardant un instant avant qu’il ne prenne le dessus, te poussant sur le matelas. Et tu rigoles doucement de son empressement. Et sa bouche vient déjà redécouvrir ton corps, t’arrachant un gémissement de plaisir.

La chaleur de sa bouche te réchauffe le corps entier. Tu fermes les yeux, te contentant de savourer ce plaisir qui monte progressivement. Il est doué. Foutrement doué. Sa langue vient parcourir chaque parcelle de peau, glissant malicieusement. Et le plaisir vient frôler dangereusement la jouissance. Un gémissement s’échappe de tes lèvres. Tu le repousses doucement, tremblant légèrement sous le plaisir. Tu l’attires à toi, capturant ses lèvres avec envie. Tes doigts parcourent sa peau blanche marquée de cicatrices. Tu souris contre ses lèvres, soufflant doucement « T’es toujours aussi doué… » Et tu lui mordilles un peu la lèvre. Tes mains viennent empoigner ses fesses, lui adressant un sourire malicieux. « …et aussi sexy… ».

Tu joues un peu avec lui, l’embrassant, le caressant. Ce soir, t’es pas pressé, tu savoures simplement son corps. Et tu fais monter le désir progressivement. Puis finalement, tu viens souffler à son oreille avant de jouer avec son lobe « …tes capotes ? ».

Tu n’as jamais nié aimer le sexe. Bien sûr, tu t’es vite rendu compte que l’acte en lui même dépendait beaucoup de ton partenaire et que ta seule volonté ne suffisait pas à donner et recevoir du plaisir. Même s’il t’es arrivé d’accepter les coups à la vas-vite à dans une backroom de boîte de nuit, tu apprécies sans retenue de pouvoir te poser, savourer, découvrir le corps d’autrui. Le plus difficile pour toi aura été de réapprendre à aimer donner du plaisir après un an de relation sérieuse. Il t’as fallu du temps pour te détacher de tes habitudes et de ce que tu aimais faire avec ton petit ami. Chaque individu est différent et les zones érogènes peuvent l’être également.

Avec Sil, tu as apprécié de prendre ton temps. C’est ce qui t’as permis de connaître son corps presque sans faute même s’il te faut quelques secondes afin de reprendre tes marques. Tu sais ce qui lui plait, ce qui le fera monter doucement jusqu’au sommet du plaisir. Tu es doué avec ta langue, c’est un fait. Elle vient titiller facilement les recoins de son corps. Tu le sens se cambrer sous celle-ci, c’est ta réponse, une forme d’encouragement qui te motive un peu plus à continuer. Tu sens que son corps se raidit et qu’il veut t’éloigner afin de préserver un peu plus l’échange sans craquer. C’est trop tôt pour jouir. Pourtant, tu l’entends geindre et t’aimes ça. Tes doigts et ta langue se croisent afin de couvrir l’intégralité des parcelles de peau qui le demande.

Il te repousse gentiment juste pour t’amener à lui et t’embrasser. Un fin sourire se dessine sur tes lèvres charnues, humides de la gâterie tout juste offerte. Il glisse ses doigts sur tes cicatrices, tu frissonnes, ferme les yeux et te vide la tête. Désormais tu n’es qu’avec lui, à 100% avec lui. Il te complimente sur tes prouesses buccales. Cela te fait rougir, même s’il n’est pourtant pas le premier à te le dire. Ses dents viennent malmener tes lèvres, tu trouves cela sexy. Il empoigne tes fesses et tu lâches un petit cris au creux de son oreille. Il te complimente. Tu ris nerveusement et l’embrasse chaleureusement en guise de remerciement.

Vous restez ainsi un moment, à vous embrasser, vous caresser. C’est romantique, dans la lignée de son comportement avec toi depuis que vous avez franchis le seuil de la porte d’entrée. Tu savoures. C’est rare les moments de douceur. Tu sais qu’avec lui tu peux te laisser aller et que tu ne risques absolument rien. Il te demande des préservatifs. T’as pas envie de te détacher de lui mais tu tiens absolument à ton hygiène et ta santé. Tu lui procures quelques caresses avant de t’éloigner à contre cœur. Tu attrapes ton portefeuille, au sol et en extirpe un préservatif. Tu le laisses s’installer confortablement sur le lit avant de lui grimper dessus. Tu viens l’embrasser langoureusement en caressant son torse. « je te promet un round 2 et on inverse … » Tu lui mordille la lèvre et arrache l’emballage. Avec dextérité et sensualité, tu enfiles le morceau de latex sur son sexe toujours tendu vers toi.

Tu trouves cela gratifiant de te retrouver face à ce sexe dressé qui te montre l’effet que tu lui fais. Tu descends sur lui avec une lenteur infinie afin de savourer. Tu en oublies complètement le lieu où vous vous trouvez.

Sa tendresse te fait exploser le coeur. Ses douces caresses qui vont vibrer ton corps au rythme de ses doigts. C’est peut-être pas de l’amour, mais c’est tellement mieux. T’es si bien dans ses bras. Profitant simplement de ces jolis moments sans promesse d’éternité. C’est simplement aujourd’hui et maintenant. Et ça rend tout tellement plus fort. Ta langue se mêle à sa sienne comme si elle ne l’avait jamais quitté. Et tes doigts retrouvent les courbures de son corps comme de vieux souvenirs.

Tu le regardes se détacher de ton corps. Tu l’observes un temps. Tu le touches avec les yeux, les faisant passer sur chaque parcelle de sa peau de neige. Tu te mords doucement la lèvre tandis qu’il revient près de toi. Tu te redresses un peu, t’installant confortablement. Et il vient de nouveau t’enjamber, capturant tes lèvres avec un désir apparent. « je te promet un round 2 et on inverse … » Tu rigoles doucement à ses mots tandis qu’il vient mordre ta lèvre. Doucement. Sensuellement. Et ça ne fait que t’exciter un peu plus. Tes mains caresses ses fesses tandis que tu le regardes ouvrir le plastique puis faire glisser le latex sur ton membre tendu. Et tu souris en le sentant placer ton membre devant son intimité. Ca te fait frissonner de désir. De le sentir. Là. Si proche. Ton regard se perd dans le tient quand il vient enfin te laisser le pénétrer. Et un gémissement s’échappe de tes lèvres. Un soupire de satisfaction. Ton regard se perd un instant dans les méandres du plaisir alors de se raccrocher à son sourire. Tu le laisses faire, te redressant un peu pour venir lécher l’un de ses tétons. Tu le laisses se réhabituer à ta présence, soupirant en le sentant rapidement onduler au dessus de toi.

Tu te détaches de son torse pour venir capturer ses lèvres, donnant toi aussi des coups de bassin faisant échos aux siens. Et vos deux corps se lancent sur une danse intime d’une complicité criante. Tes lèvres viennent retrouver les siennes pour y laisser ton souffle court s’y perdre un instant. Et tu gémis contre ses lèvres, caressant ses cuisses et ses fesses avec un désir brulant. Il dirige le rythme et la profondeur des mouvements, te laissant pleinement savourer le plaisir des vas et vient. Ses gestes se font de plus en plus rapides. Désordonnés. Votre respiration s’essouffle et la chaleur monte encore. Et tu mords un instant sa lèvre avant d’échanger vos places, te plaçant au dessus de lui. Ton regard malicieux se plonge dans le sien tandis que tu reprends possession de son corps. Un peu plus fort. Un peu plus loin. Un peu plus vite. Et tu te délectes de ses gémissements excitants qui s’échappent de ses lèvres entrouvertes.

Un léger soupire s’échappe d’entre tes lèvres lorsque son membre force ton intimité. Un gémissement plus long s’échappe quant à lui quand il s’enfonce à son maximum. Tes mains posées sur ses pectoraux te servent d’appuie. Dans cette position, tu choisis le rythme qui te convient. Tu veux prolonger l’acte dans la tendresse dans laquelle vous vous êtes enfermés. Tu laisses ton regard se plonger dans le sien et tu savoures le romantisme de la situation. De l’extérieur, vous êtes un véritable couple. Votre complicité ne fait aucun doute. Il vient lécher un de tes tétons. Tes doigts viennent se perdre dans ses cheveux blonds. Tu ne retiens aucune de tes manifestations de plaisir. Tu fais progressivement monter la vitesse des mouvements de pénétration. Tu lâches son torse pour te coucher un peu plus sur son corps et venir l’embrasser. Ta position lui permet de venir combler l’enchainement des coups de bassin. Tu gémis de façon très sensuelle au bord de ses lèvres. T’aimes ça, t’en veux plus, tu veux lui faire comprendre.

Il t’a parfaitement compris et s’élance à la poursuite de ton plaisir. Tu refuses de te laisser prendre au jeu de la passivité. Tu veux lui montrer que tu es capable de lui faire prendre son pied de cette façon. Alors progressivement tu joues sur le rythme et la profondeur. Tu ralentis, tu accélères, tu le laisses venir en toi puis le fuis presque pour le laisser à l’agonie. Tu souris affreusement bêtement contre ses lèvres. Cela te fait un bien fou d’être dans cette bulle de tendresse. Tu t’enivres de luxure. Peu importe, ce n’est pas mortel.

Tu le sens impatient. Quelque part, Sil aime dominer, tu le sais. Il échange vos places. Tu lui fais le plaisir d’écarter suffisamment les jambes pour lui donner une meilleure amplitude dans les coups de bassin qu’il t’assène. Tu prends ton pied. Il n’y a pas d’autres termes. Ton corps se cambre, répond au sien à la seconde. Tu fermes les yeux, tes lèvres entrouvertes laissent échapper continuellement l’expression du plaisir qu’il te procure. Tes mains viennent griffer ses épaules puis tu décides de t’en prendre aux draps. Tes phalanges rougissent quand tu serres le tissu. Parfois, quelques gémissements sont plus violents. C’est quand il est venu effleurer ta prostate. Tu bouges toujours vers lui. T’en veux sans cesse plus même si, paradoxalement, tu veux que cela dure plus longtemps.

Tu essayes de te retenir au maximum. Tu veux lui convenir. Tu veux être le parfait amant, celui dont on se souvient pendant longtemps. Tu ne cherches pas l’extravagance des positions. Tout ce qui compte c’est ce qui est ressentit. Tu viens pincer ses tétons en te mordant la lèvre. Tu le défies clairement du regard. Tu veux que cela dure encore alors tu ne touches pas à ton sexe tendu dont le bout frotte sur le ventre de Sil. Tu veux jouir en même temps que lui, c’est ce qui t’importe le plus. L’instant et la puissance.

Des soupires de plaisir s’échappent de tes lèvres. Tu t’égares dans la luxure de son corps. Dans le plaisir de votre union. Ton regard s’évade un peu tandis que la jouissance s’approche de plus en plus à chaque coup de reins. Tu gémis et te cambres sous sa griffure, te faisant un peu plus fougueux.

T’as pas l’habitude d’être à cette place. Celui qui dirige. Celui qui possède. Pourtant, t’aimes ça. Autant que de sentir l’autre aller et venir au plus profond de ton corps. Tu saurais pas tellement dire ce que tu préfères. Ca dépend des gens. Ca dépend du moment. Parfois, tu te complais à dominer. Parfois à te laisser posséder.

Tu le regardes, un sourire aux lèvres. Ton bassin vient cogner contre ses fesses à chaque mouvements, faisant retentir un petit claquement dans sa chambre d’adolescent. C’est ici que t’as eu ta première fois. Dans cette chambre. Dans ce lit. Trois ans auparavant. Tu te mords un instant la lèvre en le voyant se crisper et gémir de plaisir. Ses doigts viennent caresser ton corps avant de s’égarer sur tes tétons qu’il pince malicieusement. Et ça provoque une vague de plaisir en toi, t’arrachant un fort gémissement que tu ne parviens pas à contenir. Tu te cambres contre lui, frissonnant de désir. Comme pour te venger, tu te penches afin de mordre sa lèvre. Progressivement, tes mouvements ralentissent contre son corps rendu moite par le plaisir. Le souffle court, tu joues un temps avec ses lèvres, les frôlant sans vraiment les embrasser. Puis finalement, tu les captures avec désir, l’embrassant langoureusement. Ta main se glisse dans ses cheveux tandis que tes mouvements se font plus lents, plus sensuels. Tu veux pas que ça s’arrête. Alors tu fais durer le plaisir. Tes gémissements répondent aux siens, comme un concert intime. Le plaisir monte toujours, plus doucement, frôlant l’orgasme dangereusement. A chaque mouvement, tu te retires pratiquement entièrement pour t’enfoncer en lui lentement. Le plaisir se lit dans vos regards qui se perdent l’un dans l’autre avant de se détacher pour partager des baisers.

Puis finalement, sentant la fin arriver sans pouvoir la contrôler, tes mouvements se font de nouveau plus sauvages. Plus rapide. Tu sens sa respiration à lui s’accélérer et son plaisir monter en flèche. Tes doigts viennent se refermer sur le membre de son amant tandis que tu sens la jouissance monter. Lui aussi est sur le point de venir. Et finalement, tu le sens se contracter et jouir entre tes doigts, entrainant ton orgasme à toi. C’est comme une explosion de plaisir. Violente. Soudaine. Tu sens tout ton corps s’évader dans un autre monde où seul le plaisir pur existe. Tu gémis contre sa peau afin d’étouffer les bruits de plaisir. Ton visage vient s’enfouir dans son cou et tu te laisses aller contre lui. T’es bien. Sacrément bien.

Chaque mouvement fait exploser en toi une multitude de sensations qui te font perdre le contrôle. Tu te laisses parfaitement faire, tu as confiance en lui, il te connaît. L’endroit te rappelle lorsque tu étais plus jeune, lorsque vous découvriez à peine le corps l’un de l’autre et surtout le plaisir que tu as eu à lui ôter sa virginité. Tu ne pensais pas cela si important et pourtant tu es plutôt fier d’avoir été la première fois de Sil. Quelque part, c’est toi qui lui as appris à faire l’amour.

Tu le trouves presque professionnel même si tu n’as jamais été confronté à un vrai professionnel du sexe. Parce qu’il a su appréhender ton corps, il adapte ses mouvements à ce que tu lui fais comprendre dans ce que tu ressens. Tu exprimes sans gènes ce qu’il te procures. Tu as chaud, ton corps transpire, tu es en sueur. Progressivement, petit à petit, tu sens que tu n’arrives plus à contrôler. Ton corps se cambre, tu vas à la rencontre du sien. Il te mitraille, t’assènes des coups de bassin bien plus sauvage. Il saisit ton membre afin de te mener à la jouissance en symbiose. C’est monstrueux à quel point c’est formidable.

Il vient se blottir délicatement et tu glisses tes doigts sur sa peau moite, puis dans ses cheveux. Une forme de plénitude t’envahit. C’est tellement différent des autres. Tu ne veux pas gâcher ce moment. Tu restes contre lui, tu pourrais y rester des heures tant tu y es bien. T’as la sensation qu’en Sil tu as totalement confiance, que dans ses bras, il ne peut rien t’arriver. Tu t’abandonnes un instant.

Quand tu te détaches enfin de lui, tu attrapes ton téléphone pour regarder l’heure. Tu te mords la lèvre. « tu viens chez moi ? » Tu le regardes une seconde en te rhabillant. T’as envie de passer la nuit avec lui.

Tu restes là. Contre lui. Ta respiration se calme lentement au rythme de ses doigts caressant ta peau. Tes cheveux. Tu t’évades un temps. Là, entre ses bras. Ca fait du bien. D’être juste comme ça. Sans question d’argent. Tu enfouies doucement ton visage dans son cou, y déposant de doux baisers. Les minutes passent lentement.

Puis, tu finis par te détacher de lui, te redressant pour retirer le morceau de latex et le jeter dans la poubelle la plus proche. Tu retournes t’allonger près de lui, observant un temps le plafond. Tes pensées se perdent un peu malgré la sérénité qui domine encore ton esprit fatigué. Tu voudrais que tout soit toujours aussi simple. « tu viens chez moi ? » Sa voix t’arrache à tes pensées. Tu te tournes vers lui tandis qu’il se lève pour se rhabiller. T’as encore un peu d’argent pour prendre une chambre, mais il faut avouer que sa proposition n’est pas désagréable. T’as pas envie de retourner à la réalité. Alors tu hoches doucement la tête « Ouais … » avant de te redresser. Tu le regardes enfiler sa chemise, observant un temps ses cicatrices qui ornent son corps. Sans rien ajouter. Puis tu vas attraper tes fringues, les enfilant sans te prendre trop la tête à tout bien remettre.

Et alors, vous vous évadez, vous faufilant dans la maison en évitant la famille encore installée à table. T’as un air totalement débraillé. Vêtements mal enfilés. Cheveux en bataille. Regard un peu vague. Tu le suis sans un mot, heureux de ne croiser personne d’autre que le majordome. Rapidement, vous entrez dans sa voiture. Près à rejoindre ce nouvel appartement que tu n’as jamais visité.

Tu sembles soudainement pressé. La bulle dans laquelle tu t’étais enfermé avec Sil vient d’éclater. C’est un violent retour dans la réalité que tu as du mal à supporter. Ça t’étouffe aussi tôt. Tu veux t’en aller et il accepte de t’accompagner. Tu t’habilles, plus ou moins à l’arrache, comme lui. Tu te contentes du pantalon et de la chemise. Tu ne prends pas la peine de remettre la cravate. Tu as transpiré, tes cheveux ne sont plus du tout dompté. Mais en fait, tu t’en fiches. Tout ce qui t’importe c’est de quitter cet enfer.

Vous traversez la maison rapidement. Vous apercevez ta famille, toujours à table. Tu peux même constater que vos couverts ont été débarrassés et qu’ils ont revus le plan de table en vous excluant. Tu te fais la réflexion que tu trouves ça lamentable. Une fois de plus. Si tu t’étais remis en question pendant un temps, aujourd’hui il est clair que le problème vient d’eux. Tu remercies le personnel que tu croises et tu sors.

En voiture, vous êtes tous les deux plutôt silencieux. Tes doigts viennent de temps en temps effleurer sa cuisse. C’est devenu parfaitement naturel entre lui et toi. Tu te sens parfaitement en couple avec lui même si les sentiments ne sont pas ceux d’un couple. Tu aimes Sil d’une autre façon. Une manière que tu n’arrives pas à expliquer.

Tu te gares en bas de chez toi, place habituelle attribuée à l’appartement. Il fait nuit. Tu ne croises personne. Dans l’ascenseur, tu te sens enfin libre. Le carcan se libère presque instantanément. Tes doigts viennent s’échouer sur ses hanches, tu l’amènes à toi, tu veux le posséder comme il t’a possédé il y a à peine une heure. Tes lèvres et ta langue lui font bien comprendre.

Le voyage en ascenseur est bien trop court à ton goût. Tu dois le lâcher pour ouvrir la porte de ton studio. « t’es jamais venu ici .. j’ai emménagé peu de temps après notre… rupture » tu fais des guillemets avec tes doigts. On appelle rupture le fait de rompre une relation amoureuse. Vous n’étiez et n’êtes toujours pas cela. Tu ouvres la porte et allume la lumière. Tu penches légèrement la tête sur le côté, ouais, t’aurais quand même pu faire le ménage.