Cela fait une journée. Et il a l'impression que c'est une éternité qui s'est écoulée depuis qu'il a gentiment demandé l'aide de son meilleur ami, enfin, ses employés, afin qu'il lui répare son ordinateur portable. Meilleur ami. Quelle ironie. C'est certainement ce que pensent les journaux à potins qui se laissent tomber dans le panneau et qui ne voient pas l'arrière du décor. Un background où l'amitié n'est sûrement pas le maître mot de la relation entre Nick et Wolfgang. Ces derniers n'ont jamais réussi à s'entendre mais n'ont peut-être jamais cherché à trouvé un fil conducteur pour une bonne entente. Ils n'ont pas réellement de points communs, n'ont pas non plus des sujets de discussions qui peuvent se rejoindre ou encore des points de vue qui leur permettraient de se lier d'amitié. Ils sont chien et chat, l'un blâmant l'autre pour cette mésentente qui s'étale depuis déjà bien des années. Depuis l'adolescence à vrai dire, depuis que ce groupe d'amis s'est formé par on ne sait quelle machination. C'est au milieu d'un après-midi, alors qu'il sort de son appartement situé à Covent Garden, que Wolfgang se décide à rejoindre les locaux qui abritent les quelques employés, professionnels en informatique. Ceux qui lui ont assuré qu'ils allaient réparer la machine en un rien de temps. Mais il semble que les deux partis n'aient pas la même définition du mot « temps ». Dans tous les cas, cela ne lui ferait pas de mal de passer dans la boîte de Nick. Il n'y a que très rarement mis les pieds et il doit avouer qu'il n'a jamais visité les locaux pour pouvoir innocemment cracher son venin sur l'état des lieux. Parce qu'il est critique avec tout ce qui l'entoure, l'entreprise de celui que l'on appelle pour un habitude, un ami, ne va pas être protégée de toutes les remarques désagréables qu'il peut construire dans sa mémoire.
Lorsqu'il arrive en face de la façade, c'est un soupir qu'il lâche en se frottant le front. Il aurait bien voulu faire un tour à la piscine municipale puisqu'il a repris l'entraînement. Mais il doit avouer que passer sa nuit précédente sans un ordinateur à portée de main, sans cet ordinateur à portée de main, il s'était drôlement ennuyé. Certes, il possède les fonds nécessaires pour s'acheter un ordinateur encore plus performant, mais ce qui le dérange c'est de devoir perdre la totalité de ses données conservées nulle part ailleurs si ce n'est sur son disque dur interne. Et sur un disque dur externe, qui a pris l'eau quand il a renversé son bol de pâtes asiatiques sur la table basse du salon. En soi, il a pris des précautions mais ces dernières n'ont aucunement servi. En jetant un coup d'oeil, à droite, à gauche, observant sans aucune discrétion les flashs d'appareil photo qui l'éblouissent, il pousse la porte d'entrée afin de pénétrer dans l'endroit. Par chance, ou peut-être a-t-il attendu le moment propice pour croiser celui qu'il souhaite interpeller (parce qu'il faut bien le dire, ça faisait une dizaine de minutes qu'il était planté devant la façade à observer par les carreaux). Nick. « Hey. » Il n'a pas besoin de l'appeler par son prénom, il sait qu'il reconnaîtra cette voix qu'il doit malheureusement supporter depuis une poignée d'années et qu'il devra continuer à supporter durant de longs moments encore. Wolfgang s'approche d'un pas lent, les mains dans les poches et la mine apprêtée pour le sarcasme qu'il se prépare à déblatérer. « Tes employés, faudra penser à leur donner des vitamines C... » Il s'arrête à côté d'une plante verte afin d'en toucher les quelques feuilles qu'il manque d'arracher, par mégarde bien évidemment. « Ils ont dit qu'ils allaient m'appeler dès lors qu'ils en auraient terminé avec les réparations. Genre, que ce serait du rapide. » Le Hepburn hausse les épaules, comme douteux de cette affirmation qu'on lui a confié la veille, puis dirige son regard vers celui qui se doit de répondre au client. Parce qu'il ne faut pas l'oublier, mais les clients sont des rois. Et Dieu sait que Wolfgang va bien profiter de cette position actuelle.