{So much stuff you got to understand}1# ♦
Coffee, money, orgy. Si certains énoncent leur motto comme étant
Métro, boulot, dodo, c'est une autre phrase qui vient à l'esprit des autres quand ils doivent parler de Wolfgang. Ce dernier, adepte de la caféine sous toutes ses formes connues, peut être facilement repérable aux Starbucks des différents lieux de Londres mais aussi aux établissements plus luxueux qui lui proposent une telle boisson. Ainsi, il n'est pas rare de voir quelques curieux se pencher avec leur appareil photo afin de prendre des clichés de ce garçon taillé dans une richesse colossale. On l'admire comme on le hait, on se demande comment il fait pour être encore debout après toutes les insultes reçues au visage, après l'avoir roulé inlassablement dans une boue dont son épiderme s'est imprégné. Parce qu'il se sent souillé par les injures, parce qu'il se sent sali par les langues acerbes. Il se délecte désormais des on-dits et rumeurs qui courent à son sujet, répondant alors avec sarcasme et taquineries qui en énervent plus d'un.
2# ♦
Too blind to give a damn. Une paroi d'un métal incassable, une façade infranchissable dont certains essaient d'y effacer cette délimitation. Des sentiments refoulés, enfouis dans un esprit tourmenté mais voilé par ce sourire et ce sarcasme omniprésent. On oublie parfois que Wolfgang est lui aussi un être-humain, qui peut ressentir et qui ressent effectivement des choses. On a l'impression de ne pas le blesser, de ne pas heurter sa fierté parce qu'il reste celui qui usera de la dérision sur lui-même. Une façon de se défendre contre ceux qui attaquent à l'aide de leur clavier et de tournures de phrases aguicheuses, les rapaces de journalistes qui le prennent d'assaut dans la plus grande des discrétions et qui trouvent toujours une base, une fondation sur laquelle broder des simulacres auxquels il répond mystérieusement. Laisser planer le doute a toujours été son fort. Pourquoi confirmer ou renier la chose ? Autant laisser mijoter les âmes qui se délectent des dernières rumeurs.
3# ♦
Bastard by day. C'est cette hypocrisie dans laquelle il a été élevé qu'il montre au reste du monde, bien malgré lui. Il a cette allure hautaine qui fait frémir de dégoût les échines d'autrui, ce comportement narquois qui crée ce goût amer dans le fond des gorges. Parfois, il fait des choses qui font sourire les individus lambdas. Des petites bêtises, des attitudes presque enfantines qui font étirer les lippes. Ces mêmes lippes qui ne cessent de lui cracher dessus dès lors que les essences se remémorent les mauvais moments. «
Vous vous rappelez ? Il avait frappé une femme. » prononcent certains entre deux gorgées de thé, laissant d'autres scandalisés. «
Il n'a aucun respect pour la gente féminine. » s'étonnent d'autres, outrés par les actions de ce jeune homme qu'ils ne connaissent que par des journalistes ou plutôt des rédacteurs peu scrupuleux. «
Et n'oubliez pas cette photo où il est en train de plaquer une femme sur un mur alors qu'elle ne semble pas à l'aise ! » C'est dans un soupir qu'il passe à côté de ces pipelettes, parfois préférant les ignorer, d'autres fois se joignant aux discussions afin de débattre en leur compagnie.
4# ♦
And saviour by night. Mais on oublie parfois (pour ne pas dire
tout le temps) qu'il n'est pas qu'une mauvaise façade. On ne l'a peut-être jamais su parce que les potins sont toujours plus intéressants dès lors que ce sont des scandales qui sont racontés et non des bonnes actions. Parce qu'il n'est pas ce corps sans cœur, son âme a beau être noircie par les péchés, il reste quelqu'un de bienveillant. Ou du moins, au plus profond de lui-même désormais. On l'a tellement enfoui, ce côté chaleureux, on lui a tellement dit qu'il n'était qu'un impie, qu'un être détestable, qu'il a décidé de devenir les dires d'autrui. Peut-être seront-ils satisfaits de voir ce qu'est
un vrai connard ? Peut-être se réjouiront-ils quand ils verront le diablotin qui se cache en Wolfgang, eux qui le pensent déjà insupportable ? Il était pourtant celui qui donnait de sa richesse aux associations qui ne lui retournaient aucun remerciement, celui qui aidait les sans-abris dans la rue, celui qui pouvait prendre un démuni par l'avant-bras et l'obliger à l'accompagner dans un magasin pour s'acheter de nouveaux vêtements quand il faisait froid. Celui-là. Ce Wolfgang. Il disparaît, de plus en plus. Il change. Il devient celui que l'on veut qu'il soit.
5# ♦
But a full-time traitor. Un univers de faucheuses. On tranche les gorges, métaphoriquement évidemment. On laisse les corps s'effondrer sur le bitume, on ne prend pas la peine de les ramasser, de recoller les morceaux brisés sous les mots et les coups, aussi bien lâches que virulents. Wolfgang ne fait pas toujours dans la délicatesse et est assez prompt aux altercations. Il manipule inconsciemment, comme si toutes ses connaissances avaient un seul et même but à ses yeux : être utilisé dans un futur plus ou moins proche, pour son propre intérêt et non celui d'autrui. Il a aussi bien ce côté bienveillant que mégalomane. Celui qui veut plus, toujours, sans aucune délimitation. L'abondance qu'il possède déjà ne lui suffit pas, devant agrandir les richesses familiales du côté bancaire mais aussi au niveau du cercle d'individus
proches.
{you're my most beautiful scar} I. Qu'elles sont les passions qui animent votre personnage ? Tester les différents matelas. Divers, variés. Il s'installe sur les lits des autres, n'en sort qu'au petit matin, parfois à l'aveuglette parfois dans une mise en scène digne d'un tapis rouge. Un passe-temps dont il a besoin, aux limites du comportement
volage. Il est l'infidèle qui brise les cœurs, collectionnant les morceaux brisés comme si c'était normal. Si brisés qu'il ne ressent plus aucun remord quand il se doit de mettre un terme à une relation qui dure depuis voilà trois jours. Des mots qui fusent, des injures, des gifles qui souhaitent atteindre ses joues. Ce sont ses poings qui répondent, ses paumes qui serrent les tignasses féminines qui pensent pouvoir lui faire du mal. Une impulsivité qu'il ne peut expliquer. Si elles souhaitent tant être traité de la même façon que les hommes, commençons par la bagarre. Malgré ce côté brusque, la force mise est tellement moindre que lorsqu'il se retrouve face aux hommes. Ces derniers, il a l'habitude de se fritter avec. S'il aime la diplomatie, s'il est éloquent quand ça l'arrange, il n'en reste pas moins une teigne, cette tête brûlée qui ose affronter l'adversaire alors qu'il porte encore son costume noir corbeau.
Se battre. Un passe-temps, pour évacuer les pressions. Parce qu'il n'est pas constitué que d'une violence sans frontières, il faut savoir que c'est un
cinéphile et qu'on ne peut le qualifier autrement. Il aime, tous les jours, même ceux à l'eau de rose. Dans son duplex, c'est un home-cinema qui se tient devant l'un des murs de son salon, les hauts parleurs placés de part et d'autres de la pièce afin de répartir les sons de façon équivalente. S'il est l'héritier de la société du paternel, il se trouve qu'il a encore le temps de pratiquer un sport qui lui tient à cœur :
la natation. Durant toutes ses années dans le système scolaire, il a pratiqué cette activité aussi bien dans le cursus obligatoire que dans un club en dehors des études. Ainsi, il est tout à fait commun de le voir avec un sac de sport en main, se diriger vers les bassins de Londres. Il faut aussi savoir que dès son plus jeune âge, il a été élevé par des mains strictes et bornées par des mœurs anciennes. On l'obligea bien rapidement à suivre des cours de piano et de peinture, comme si on espérait le voir artiste à la Van Gogh et être un célèbre créateur, posthume évidemment. Alors que ces activités l'emmerdaient plus qu'autre chose pour être honnête, la
peinture resta un hobby qu'il ne pratique cependant que de façon périodique. Parfois, il lui arrive d'avoir son duplex orné de toiles aussi bien vides que colorées dans des formes abstraites que seul lui peut déchiffrer.
II. S'il y avait un moment clé dans la vie de votre personnage, quel serait-il ? Sa première fois ? Quand Dumbledore est mort ? Quand Aragorn a embrassé Boromir sur le front ? C'est en réalité un enchaînement d'événements qui mènent à ce moment clé. La rencontre de cette femme, s'il peut l'appeler ainsi, en est la finalité. La connaissait-il ? Non. L'avait-il déjà aperçu quelque part ? Il semblerait que son visage lui était familier, mais cela était bien tout. Lui, il venait de se promettre une chose. De devenir le monstre que l'on veut qu'il soit. Il venait, intérieurement, de faire un pacte avec son propre esprit. Et pourtant, il céda. Un
dernier geste de bonté, seulement un dernier, pour ressentir à nouveau ce sentiment de bien-être avant de l'oublier parmi de plus lourds tourments. La limite entre celui qu'il était avant et qu'il essayait de montrer au monde, et le joli connard qu'il est aujourd'hui.
III. Où se voit votre personnage dans 10 ans ? Honnêtement, Wolfgang préfère ne pas y penser. Pourquoi penser à ce futur morose alors que le présent lui tend actuellement les bras vers l'amusement et les choses qui le satisferont ? Il sait bien que dans dix ans, il sera définitivement marié à une de ces femmes que ses parents auront choisi pour lui, qu'il aura au moins un enfant qu'il devra former et non éduquer. Il n'aura même pas eu son mot à dire, devant suivre au pied de la lettre les envies des ascendants. Alors que son cœur, bien que solide comme la pierre et sa libido, aussi libre qu'un pétale de pissenlit, lui dicte d'autres sentiments pour une femme qu'il ne peut malheureusement détenir. Une classe sociale différente, un écart d'âge qui n'est pas forcément
bien vu. C'est le peu de raison et de conscience qu'il possède qui le retiennent, qui retient chacun de ses membres, de ses mouvements et qui le poussent à prendre de telles décisions et effectuer de tels choix. Ainsi, il est plus aisé pour lui d'éteindre ces rouages de l'humanité et de se déshumaniser. De se plier aux conditions familiales. Mais pas tout de suite.
{that tears have drawn your dreams}Une pluie battante, les gouttes qui dégoulinent sur le faciès indifférent de l'homme qui reste assis sur le banc. Son regard semble se perdre dans un horizon, ce paysage maussade et attristé par les intempéries de Grande-Bretagne qui s'abattaient sur Londres. Un premier soupir qui s'échappe d'entre ses lippes. Un second. L'une de ses mains passe dans sa chevelure claire aux tons blonds, tandis que l'autre vadrouille sur un téléphone portable dernière génération. Des articles qui ont pour habitude de le faire sourire, d'étirer ses lèvres alors que ce ne sont que des injures qu'il lit à son égard.
Pas cette fois. Le prénom qu'il peut lire sous l'article rédigé lui donne une nausée qu'il ne peut faire passer avec un simple rire et une auto-dérision.
Ebba Van Hall. Des souvenirs innocents et joyeux qui lui reviennent en mémoire, qui sont censés raviver cet esprit torturé par des démons que lui même ne peut comprendre. Cette fille, devenue femme, il la connaît depuis son arrivée à Londres il y a plus de vingt ans. Ils ont partagé leur espace au bac à sable, se sont tenus la main dans les rangs de l'école quand la récréation était terminée. Pendant bien trop longtemps, elle a été la seule fille à être dans les relations de Wolfgang. La seule, l'unique, celle qu'il chérissait alors qu'aucun lien de sang n'était établi. Comme une sœur, il l'avait aimé. Un amour sans égal, mais déstabilisé par les désavantages de l'adolescence et de ses oscillations hormonales. Une incompréhension qu'il essaya de résoudre en pensant faire la
bonne chose.
1999
▪▪▪
«
C'était juste pour savoir si... » Une gifle qui le déboussole. Pourquoi s'y était-il attendu ? Il essaie pourtant d'être délicat, de ne pas brusquer les choses, de ne pas
la brusquer. Pas elle, il ne peut pas lui faire plus de mal, il ne peut pas la blesser plus qu'il ne le fait actuellement. Elle pense que c'est volontaire. Que c'est un jeu pour lui. Elle reproche. Énormément de choses qui n'ont pas d'importance. Elle le contrôle. Elle souhaite le contrôler, d'autant plus. Elle souhaite détenir une main de fer, le diriger et faire de lui ce qu'elle veut. Elle est possessive, elle le montre, elle jalouse
les autres. Quels autres ? Toutes. Celles qui l'observent actuellement dans ce parc, lui qui tente de s'expliquer tant bien que mal. «
Écoute, Ebs. » Il tend ses bras vers elle, comme pour lui dire de se calmer. Grandir avec l'impulsif qu'il est a déteint sur sa personnalité. «
C'est pas de l'amour. » Il soupire, comme anxieux et nerveux par la situation dans laquelle il se trouve. Il tient à elle. Mais pas de cette manière-là. Pas de cette façon, pas comme elle le souhaite. «
C'est comme pour les autres filles. T'es belle, t'es jolie, tout simplement. T'es comme une sœur, mais t'en n'es pas une, biologiquement parlant. T'as pas le même nom de famille. Donc ça pourrait fonctionner. Mais... On a vécu ensemble. Genre, toute notre vie, presque. »
Autres.
Autres filles. Les deux mots qui résonnent dans l'encéphale d'Ebba. Elle est comme les autres, elle qui a vécu toute sa vie en compagnie de Wolfgang, n'est réduite qu'à une simple banalité, au niveau des
autres ? Vient-il de perdre la seule fille qui partage son existence ? Celle qui le suit partout, qui fait les quatre cents coups à ses côtés. Ebba est fille unique mais surtout, n'a jamais connu ses parents biologiques. Elle a été adoptée par deux parents irresponsables, alcooliques et dépendants de toutes sortes de produits illicites. Quand elle est avec Wolfgang, elle ressent cette douceur familiale, cette fraternité qu'elle n'a jamais eu, mais surtout, des sentiments amoureux qu'elle ne peut contrôler. Les parents de Wolfgang la considèrent même comme leur propre enfant, l'ont accueilli légalement aux yeux de la loi quand les autorités ont arrêté les parents adoptifs.
▪▪▪
Il est dégouté par les rumeurs écrites de cette plume qu'il ne connait dorénavant que trop bien. Bien trop fier, il n'a jamais essayé de s'expliquer avec celle qui depuis cette histoire, lui pourrit la vie de toutes les manières possibles qui puissent exister. Se faisant passer pour sa petite amie quand il en a une, le faisant ainsi passer pour l'infidèle de service. Elle lui met constamment des bâtons dans les roues, met en place des machinations et stratagèmes réfléchis pour le blesser comme il a pu heurter son amour propre. Elle lui a créé cette réputation de connard, de garçon absolument pas fréquentable. Ce sont des sarcasmes de sa part qui remplissent les fils d'actualité de réseaux sociaux comme Twitter, ou même Instagram. Elle publie des articles sur ce Hepburn, le descend dès lors qu'elle l'aperçoit en soirée dansante, dans la rue. Elle le critique, sur sa personnalité, son style vestimentaire et ses goûts. Elle le critique alors qu'elle apprécie pourtant les mêmes choses, mais ne le dit pas forcément pour rester crédible aux yeux du public qu'elle se construit. Elle raconte des anecdotes sur le passé de Wolfgang, enjolive les choses pour qu'elles paraissent plus spectaculaires et afin d'agrandir ce dégoût envers cet individu qui n'a fait qu'une
erreur pour en arriver là. Elle déforme ses paroles, les place dans un contexte qui n'a rien à voir afin de faire fureur. Wolfgang, lui, il a l'habitude. Ça le blesse, intérieurement. Surtout quand ça vient d'elle. La plume acérée qui tranche son âme. Un soupir qu'il lâche, il range finalement son téléphone portable.
Connard. De plus en plus d'individus le voient ainsi, certains restent aveuglés par la richesse qu'il possède, d'autres par ce sourire qu'il a incrusté sur son faciès.
Connard. C'est ce qu'elle veut ? Elle l'aura. Il n'est pas le
fils de pour rien. Cela fera travailler les phalanges d'Ebba qui en aura des tonnes à raconter, et entraînera Wolfgang dans ce rôle redoutable de l'effroyable être-humain qu'on croit qu'il est. Mensonges. Simulacres.
A quoi bon tenter d'être le bon samaritain quand ses bonnes actions passent inaperçu ?