FOXY LADY

Invité

ruby paradise
Goodbye Ruby Tuesday
Who could hang a name on you?
When you change with every new day
Still I'm gonna miss you
© unknown/keith richards

prénom, nom : Ruby Paradise, ça pourrait être tiré d'un jeux vidéo ou d'un putain d'roman à succès, mais non c'est bien moi, sans accro ni pseudonyme. mon nom c'est déjà un pseudonyme. Ruby vient d'une chanson des Rolling Stones. Je me suis souvent demandé la raison de ce choix. Quand j'écoute les paroles ça sonne plus comme une malédiction qu'autre chose. Mais j'ai jamais su communiquer avec maman, alors vraiment j'en sais rien. âge, lieu et date de naissance : 23 ans, née le 31 décembre 1992 à Londres. origine et nationalité : anglo-jamaïcaine, mais c'est pas sure, parce que j'ai jamais eu de papa. à Londres depuis : toujours. occupation : gratteuse de guitare au sein des Cunts. statut civil : publiquement célibataire, la réalité est plus compliquée. orientation sexuelle : hétérosexuelle. quartier de résidence: camden rock'town. statut financier, groupe : seeds of gold (parvenue). traits de caractères : bruyante, flemmarde, têtue, irrespectueuse, provocante, sensible, perfectionniste, dépressive, créatrice, imprévisible, indépendante, insécure, lâche, émotive, colérique, impulsive, extrême, autodestructrice

{So much stuff you got to understand}
Ruby Paradise, 15ème page de Rolling Stones magazine. Avec un doigt levé bien haut et des yeux vagues, embrumés. Des pupilles comme des trous noir, une bouteille de Jack Daniels à, la main. C'est dégueulasse le Jack, vraiment dégueulasse. J'ai jamais compris pourquoi les rock stars boivent du Jack. Pourtant moi aussi je m'y suis mise, comme les autres. La bouteille carrée avec son label noir qui fait rêver les adolescents. Beurk.
Mais quand t'es une rock star faut boire du jack. mettre de la coke dans ton nez aussi, le plus possible puis que ça se voit un peu, laisser quelques traces, pourquoi pas saigner de la narine avec le micro dans les mains. Se casser la gueule backstage aussi, ça fait rock star. Vomir sur le siège d'un taxi hors de prix et pisser cul-nu sur les trottoirs.
Emmerder le monde aussi, et le plus fort possible s'il-te-plais, puis fumer des tonnes de gitanes brunes sans filtres parce que ça casse la voix. Puis pas sourire surtout, jamais sourire, les sourires c'est pour les tapettes et la variétoche.
Traîner ses pieds sur le goudron puant et cracher des mollards gros comme des queues de lapins, puis dire des saletés aux journalistes, toucher la bite d'un inconnu et lui lécher la joue en s'assurant bien que tout le monde t'ai vu. Et surtout, surtout, éviter tout romantisme, une rock star a toujours le cœur brisé, mais ne tombe jamais amoureuse, (ça aussi c'est pour les reines de la pop) mais franchement il se brise comment mon cœur si j'ai pas le droit de l'utiliser ? Qui tu crois pouvoir être pour décider de ce que j'ai le droit de faire ou non ? T'es qui pour moi ? Tu te crois important c'est ça ?
Se transformer en bête de foire, un zèbre échappé du zoo, un singe savant. C'est ça la musique pour toi ? Hein, c'est ça ?! Alors si c'est pas ça pourquoi est-ce qu'on se retrouve là, en quinzième page de ton putain d'magazine ?!
Un jour j'ai eu seize ans. T'imagines pas comme j'ai plané, là debout sur cette petite scène de pub à gueuler mes histoires, des rêves pleins les poches et des étoiles sous les paupières. Maintenant j'en ai vingt-trois et les poches sont sous mes paupières, par contre je ne vois plus d'étoile. C'est moi l'étoile, et franchement t'as rien à y envier tu sais ? parce que moi si j'avais su je me serais mise au dessin, dans les musées on attends au moins qu'tu sois mort avant d'te canoniser.

{you're my most beautiful scar}
I. Qu'elles sont les passions qui vous animent ? Aussi loin que j'me souvienne, y a toujours eu un bout de musique, là, sur le cœur, cette petite étincelle qui fait tout vibrer, ce petit instant de bonheur qui redonne des couleurs. Dès que j'ai été assez grande pour tenir une guitare je me suis mise à jouer, quand j'ai su tenir un stylo j'ai commencé à composer. La musique m'a toujours accompagnée, quoi que je fasse, où que j'aille, c'est surement la seule chose qui m'ait faite avancer (parce que je suis pas vraiment douée pour quoi que ce soit d'autre tu sais). Puis un jour ils me l'ont prise, ma musique, il l'ont changé, déguisée, dégradée. Ma musique aujourd'hui elle fait le trottoir pour quelques billets et un rail bien tassé. Pourtant je l'aime toujours au fond tu sais, parce que c'est l'amour de ma vie et qu'on l'oublis pas comme ça la muse des muses. Mais je regrette tu sais, parce que sans la musique, peut être que je serais heureuse aujourd'hui. La musique c'est rien qu'une pute qui te bouffe de l'intérieur, si tu savais, tu comprendrais.
II. S'il y avait eu un moment clé dans votre vie, quel serait-il ? Le premier concert. Cinquante-trois personnes entassées dans un pub miteux qui sentait la bière bon marché et le vomis oublié, avec cette toute petite affiche sur la porte des chiottes qui disait "The Cunts, psychedelic punk, free entry". Un putain d'orgasme. le premier d'une longue liste. Mais les concerts c'est comme le sexe, à force de t'occuper des autres, tu finis par t'en dégoutter toi-même.
III. Où vous voyez-vous dans 10 ans ? au fond d'ma tombe, si possible en état de décomposition avancé.

pseudo, prénom : lou et puis c'est tout. âge, région et/ou pays : 22 ans, sud de la france (les chocolatines). où avez-vous découvert BITS ? la faute à marion (aka swann/sil). personnage inventé ou scénario ? inventé. votre avatar : zoé kravitz. commentaire, petit mot : "get off my dick ! just joking"

Code:: <f3>Zoé Kravitz</f3> - Ruby Paradise

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{that tears have drawn your dreams}

Il pleut. Les gouttes résonnent bruyamment en s'écrasant sur le toit tôlé de la véranda.
Il pleut aussi sur mes pieds qui dépassent sous les couvertures de grosse laine rouge et verte. C'est froid, et je devrais probablement me lever pour fermer cette foutue fenêtre, mais là tout de suite je ne m'en sent vraiment pas la force. J'aimerais pouvoir me rendormir, pour cent milles ans encore, ou peut-être même pour l'éternité, dormir pour ne plus sentir. Pour ne plus ressentir. Dormir pour oublier.
Je garde mes paupières obstinément scellées, comme si l’obscurité du sommeil pouvait me protéger de la réalité du monde. Tu crois que je pourrais m'enfuir ? Fuir la vie... si j'avais eu un peu plus de couilles, ça fait longtemps que je me serais tiré une balle, boom, éffacée, mais je suis lâche tu sais, j'ai peur de ce qui pourrait arriver, alors je traîne ma carcasse dans la fosse aux zombies en attendant que la mort daigne enfin me recevoir dans son étreinte sacrée.
Parfois j'aimerais bien pouvoir disparaître comme ça, sans rien laisser derrière moi. Mais parfois j'ai peur aussi, parce que si je disparaît, qui se souviendra de moi ? Si je disparaît, qui prononcera mon nom ? Qui pensera encore à moi ? Y aurait-il ne serais-ce qu'une seule personne dans ce monde qui connaisse la Ruby d'autrefois ? (Oui, Simon, même si lui serait surement bien plus heureux sans moi.) Je suis bonne à rien de toute façon, si je disparaissait, je ferais quoi ? Qui voudrait de moi ? Esclave de moi-même, à m'en crever l'estomac.

Mon crâne me tue par à-coup, le rappel amer des vers enchaînés, de la coke et aussi de la md avalée par le nez. J'ai serré mes dents tellement fort que je m'en suis dévoré la lèvre, il y des reste de sang dans les commissures. Je sens aussi la douce chaleur des hanches veloutés de Simon contre mes fesses. Ses épaules larges qui caressent ma nuque au rythme lent de son sommeil. Et j'aurai presque envie de sourire comme un soleil, d'enfuir mon visage dans son coup en rigolant et d’emmêler mes doigts dans les siens jusqu'au matin. Je pourrais presque tu sais, presque. Je rêve à cette vie que je ne connaîtrais pas, parfois j'imagine même ce que ça serait, la vie, si j'avais rien de tout ça. Si je pouvais encore me promener librement à son bras, me blottir dans ses draps tous les soirs pour le serrer contre moins jusqu'à midi et plonger dans son cœur comme on saute dans la vie.
Parfois je pense à ce que serait ma vie avec lui. Et je pleure. Parce que tu sais parfois je me demande aussi ce que je fais là.
On aurait pu être heureux, je le sais aujourd'hui. On aurait pu. Simon m'avait prévenue pourtant, ce soir d'automne dans un pub miteux de Camden, serrés entre un vieux punk délabré et le bar couvert de verres vides et de bière renversé. La première fois.
J'ai croisé ses grands yeux pleins d'ombre qui brillent pourtant toujours comme des charbon ardent, avec cette force de vie qui ferait presque peur. Il était beau. Tellement beau. Beaucoup trop beau. Il m'a ris au nez Simon ce soir-là, il m'a dit qu'un jour je comprendrais, qu'un jour je regretterais, que la liberté c'était pas ça. et moi du haut de mes seize piges je le croyais pas. Aujourd'hui c'est trop tard l'ami, et tout ce qu'il me reste c'est sa main gauche contre ma joue et une nuit volée tous les trois mois, entre un bus de tournée et une chambre d'hôtel ravagée.
Pourtant je l'aime tu sais, je l'aime à ma façon. Je l'aime même si je ne sais pas trop comment aimer, je l'aime même si j'ai pas le droit (rapport aux trucs de rock stars). Je l'aime sans pouvoir me contrôler, je l'aime à en pleurer, en hurler, à lui jeter la vaisselle à la figure, à baiser sur les toits. Même que parfois dans ses bras j'en oubli que j'veux mourir, parce que dans les yeux de Simon y a tout ce dont on peut rêver, sur son visage il a tatoué la liberté.
Parfois je me demande ce qu'il me trouve Simon, quand il me regarde avec ses yeux tout fatigués dans lesquels brillent des étoiles. Quand il ouvre cette porte peinte en gris qui donne sur un appartement au rez-de-chaussé avec de grandes fenêtre côté jardin, et puis la véranda. Un jour Simon m'a dit qu'il s'en irait quand il pourrait plus vivre comme ça, quand il en pourra plus attendre. Alors à chaque fois que je rentre à Londres j'ai le cœur qui bat comme une mitraillette pendant que le taxi me conduis à camden, puis quand il ouvre la porte avec ce sourire si particulier que seul Simon peut faire, j'ai toujours peur qu'il s'emballe trop vite, mon coeur, et d'en crever, ça arrive parfois. Simon, lui, a toujours ce même visage tout doux, un peu mélancolique quand il me sert dans ses bras, quand il embrasse mon coup, mes mains, mes seins, mes doigts. Simon me dit qu'il m'aime et parfois je le crois, même quand les assiettes volent, même quand les pneus de sa motos crissent sur l'asphalte humide et qu'il lève son doigt bien haut devant moi, parce que s'il ne m'aimait pas, il ferait pas tout ça. Parce que s'il m'aimait pas il serait pas là, tout seul dans cet appartement trop petit avec ses seizes guitares qui s'entassent contre le mur du fond avec les moutons de poussières et quelques vielles planches en bois. Simon je l'aime, mais je l'aime mieux sans moi. Simon je l'aime même si ça marches pas.
Quand je lui demande pourquoi il ne compose plus, il répond qu'il n'a plus d'inspiration. Qu'il n'a plus envie d'écrire de chansons si je ne les entends pas. Ça me rend triste, parce que Simon il est vraiment bon. Parce que Simon a ce truc qu'est tellement rare, ce petit cadeau du monde entre ses doigts et dans sa voix. Ce génie que je n'ai pas.

Parfois j'aimerais changer de vie, remonter le temps puis tout effacer, seize ans à nouveau et des rêves à créer, ou une vie à rêver. Parfois je me dis que j'aimerais changer de vie, mais la vie c'est comme ça, on la vit et on change pas. On défait pas. On refait pas. Et les erreurs du passé me serrent la gorge comme la corde d'un condamné. Quoi que l'on fasse on ne change pas. C'est pour ça que je pense à mourir parfois, et puis au fond, ce serait mieux pour tout le monde tu crois pas ?

Ma vie est un fouillis d'incertitudes permanentes, faites de parfois, de et si mais surtout de peut-êtres.