so you're the one (cy)

So you're the one

Quelques mois auparavant.

Une journée qui craint. Nick en déplacement durant une semaine. Bessie se sentait vraiment mal. Les manuscrits qui étaient passés sous ses yeux avaient tous été plus décevants les uns que les autres, Bash l'ignorait, comme toujours. Rentrée chez elle, la jeune femme pensait regarder un film avec un pot de glace, une soirée banale, sauf que non. L'internet avait décidé de ne pas marcher. Et ce n'était pas faute d'avoir essayé. Mais Bessie avait besoin de faire quelque chose, de trouver une activité. Quand l'illumination qu'elle n'attendait plus vint à elle. Sortir. Pas au cinéma ou un truc du genre. Non, en boîte ou dans un bar dansant. La meilleure idée du siècle. Alors, pour ressembler à quelqu'un de présentable, elle commença à se préparer. Bessie, elle n'avait jamais mis bien longtemps. Il fallait dire que passer des heures à se ''faire belle'', ça la saoulait. Après tout, lorsqu'on finissait avec quelqu'un, le lendemain, c'était toujours notre vrai visage qu'il voyait, alors le cacher ne servait techniquement à rien.

Bessie, elle n'était pas très douée avec les sorties mais ce soir, elle ferait un effort. Ça faisait des plombs qu'elle n'avait pas mis les pieds dans un bar. Elle quitta son petit cocon pour la rue et se mit à marcher jusqu'au quartier destiné à la fête, la fiesta, le dawa. Elle n'avait pas d'idée précise d'où elle se rendrait, elle allait laisser ses pieds la guider. Elle marche, elle marche, les cheveux dans le vent, un peu plus apprêtée qu'à l'accoutumée. Elle va où le vent la mène. Lui, c'est mieux qu'un GPS. Elle passe devant des bars où des hommes la regardent salement. Elle évite leurs regards, elle se sent sale alors qu'elle ne devrait pas. C'est juste qu'elle et les hommes, c'est compliqué et ça le sera toujours. Alors Bessie, elle s'arrache. Elle veut un endroit où il n'y a pas d'hommes. Un bar de lesbiennes ou de bisexuelles, ça fera l'affaire ? Au moins, les femmes dévisagent les autres femmes avec classe. Il y a un peu de considération, une relation entre êtres humains et non morceau de viande.

Avec les femmes, c'était ça que Bessie aimait. Le respect. Il y en avait toujours. Pas de sentiments mais du respect. Et puis elles étaient aussi douces que sauvages. Bessie avait découvert sa bisexualité avec Zoë et celle-ci avait été une des seules. Des femmes, il y en avait eu peu mais plus que d'hommes. Bessie, elle vit les jolies lumières colorées du bar et instinctivement elle entra dedans. Il y avait des femmes. De toute sorte, grandes, petites, minces, rondes, brunes, blondes, rousses, c'était le supermarché de la meuf. Elle, elle n'avait jamais été douée pour nouer des rencontres dès le début alors elle alla s'installer au bar. Si d'ordinaire, elle marche au soda, il faut bien boire un petit coup pour se lancer. Elle demande un truc alcoolisé. Un cocktail. Les trucs purs, c'est pas sa came. Bessie, elle observe ces femmes, ces filles qui dansent, boivent, s'embrassent, s'amusent, dépriment. Elle est au milieu. Ni déprimée, ni folle de joie, enfin pour l'instant.

Elle ne sait plus comment elle est venue à lui parler. Mais elle est très belle. Elle a des yeux verts, des cheveux dans les tons châtain. Peut-être qu'elle a fini par s'asseoir à côté d'elle ou qu'elles ont dansé, Bessie n'en a aucune idée. Dans tous les cas, elles sont rentrées chez elle pour s'envoyer au septième ciel. C'était bien mais c'était rien, juste une fois, l'histoire d'un soir, nuit sans histoire. Bessie, elle se réveille dans un lit qui n'est pas le sien. Elle n'a pas de vêtements, ils sont sur le sol, comme des tapis temporaires. Elle n'a pas vu l'heure passer. Elle repousse le drap qui la recouvre pour attraper ses vêtements. Elle se rhabille un peu quand la porte s'ouvre. Tiens, c'est celle avec qui elle a passé la nuit. Elle ne connaît même pas son prénom, la honte. « Salut. Au fait, moi c'est Bessie et toi ? » Elle lui dit que son prénom c'est Alicia mais que tout le monde l'appelle Cy. Le début de la phrase, ça va, c'est la fin qui fait tilte, claque, boum dans le cerveau de Winningham. Alicia. Alicia, Cy. Zoë, Zoë. « Attends, Cy. Mais tu es la ''Cy''. Donc tu connais Zoë ? Une blonde, jolie, caractère parfois de merde ? Non, sérieusement, dis-moi que c'est toi. »