quand les chats sont gris. (sil)

Tu sais pas tellement où tu vas. Juste ailleurs. Ce soir, t’as presque l’air d’un gars normal. T’as pas bu, ni fumé. Tu t’es même pas fait baisé. Puis ce soir, t’as un endroit où rentrer. C’est pas génial, mais y’a un lit, puis un mini frigo. T’aimes bien ça toi, les mini frigo. Des fois, tu voles des trucs à l’intérieur. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, tu marches. Tu vogues au hasard dans cette marée de gens. Ce soir, t’as le coeur léger. Sans vraiment savoir pourquoi. Parce que, finalement, y’a pas de quoi. Si aujourd’hui tu as un toit, demain, t’en auras probablement pas. Mais aller, demain c’est demain.

Tu faisais pas tellement attention. L’esprit un peu ailleurs. Puis brusquement, BAM. Y’a toutes les feuilles qui s’envolent et toi, tu restes là. Planté comme un idiot. Tu regardes le petit bout d’homme à tes pieds et tu ravales tes insultes. T’aurais pu l’engueuler. De pas avoir regarder. Mais tu regardais pas tellement non plus. Puis t’sais pas. Tu croises le regard du gamin et t’as pas envie de gueuler. C’est p’tete ses yeux brillants de larmes ou la douce innocence qui s’en échappe. Tu sais pas trop. Tu sais pas grand chose de toute façon.

Doucement, tu t’agenouilles pour attraper les quelques feuilles éparpillées autour de toi. Puis ton regard se pose de nouveau sur l’gamin. « …Ca va…? » C’est tellement pas toi. D’être comme ça. De baisser tes barrières si facilement. Tu jettes un coup d’oeil aux feuilles que tu tiens entre des doigts avant de le regarder de nouveau. T’es déstabilisé par les larmes qui manquent de s’écouler sur ses joues. Bordel, tu l’as quand même pas frappé.