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 ties. (heath)

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MessageSujet: ties. (heath)   ties. (heath) EmptyLun 3 Aoû - 14:37


HEATH & WILLIAM


Il ne la trouvait plus. Il avait beau fouiller dans toute sa maison, avoir ouvert bon nombre de tiroirs, secoué des draps, sondé des placards qu'il n'ouvrait pourtant plus depuis longtemps, être allé frapper chez son voisin juste au cas où, et avoir appelé bon nombre de ses amis les plus proches, il ne trouvait pas la petite croix que lui avait un jour donné son père, avant qu'il ne parte à l'université.  Il n'était pas croyant, mais avait toujours prêté à ce cadeau des pouvoirs de chance. Une sorte de grigri, qu'il aimait avoir avec lui dès qu'un événement particulier méritait un petit coup de pouce de l'univers. Will l'avait portée autour de son cou le jour de son entretient qui l'emmena jusqu'aux portes de l'université d'Oxford ; l'avait dans la main, quand il avait obtenu son premier boulot dans cette même capitale, à des kilomètres de l'endroit dans lequel il résidait aujourd'hui. Il l'avait portée, également, sous un t-shirt échancré, pour l'ouverture de son premier club et comptait également l'arborer sous le tissus d'un nouveau t-shirt dans quelques jours, quand les portes de sa nouvelle boite accueillerait toute une foule de londoniens et autres jeunes venus des quatre coins du monde pour profiter de l'effervescence de cette capitale mondiale. Il soupira, arrêta là ses mouvements en passant une main sur ses paupières. L'énervement le gagnait depuis le début de matinée et n'avait pas d'autre effet que de lui donner mal à la tête. Il était resté debout toute la nuit, à s'occuper de son établissement, engueulant quelques serveurs, en virant même un qui avait eu le malheur de renverser deux bouteilles d'un champagne hors de prix sur les délicieuses cuisses d'une nana qui lui avait un peu trop souri. Était resté après la fermeture, pour griller une cigarette au milieu de la piste de danse, écoutant les ragots de ses employés dont la fatigue se lisait sur chacun de leurs traits. Il aimait le monde de la nuit, qui lui convenait sûrement plus que la lumière du jour. Là, il aurait dû se trouver dans son lit, les rideaux tirés pour ne laisser filtrer aucun rayon de soleil, et se laisser glisser dans les bras d'un Morphée qui ne l'aurait libéré que plus tard dans l'après-midi. Mais non. Ce matin, encore, il s'était lancé dans la quête de son petit pendentif. L'idée lui était venue dans le taxi, les yeux rivés sur une croix en bois accrochée au rétroviseur. Captant son regard, le chauffeur l'avait pointée de l'index, et lui avait dit en découvrant une rangée de dents manquantes, que c'était le seigneur qui l'avait conduit dans ce pays, donc même s'il n'existait pas, il avait une dette envers lui, vous comprenez ?. Hmm. Will n'y croyait pas. A ce grand bonhomme sur ses nuages, tout ce qu'il voulait récupérer, c'était ce qui, depuis toujours, lui avait apporté un peu de courage et de détermination en plus. Il laissa enfin ses paupières tranquilles, et sortit son paquet de cigarettes. En glissa une au coin de ses lèvres et tira sa première latte. Il avait regardé partout. Par-tout, et se sentait prêt à recommencer, coincé dans son obsession, quand le visage d'Heath s'imposa dans sa mémoire. Là-bas. Elle était là-bas, l'idée le frappait maintenant comme une évidence. Il avait passé tant de temps dans l'appartement de son ex, il n'aurait pas été surpris de la trouver dans un coin de tiroir. Ce même tiroir où, il y a encore quelques mois, il rangeait ses affaires, s'imaginant sûrement ne jamais devoir s'en aller. Il n'opta pas pour le taxi, et s'installa dans sa voiture, qu'importe la fatigue qu'il ignorait, étouffée par sa mauvaise humeur. Il se gara non loin de l'appartement de Heath, et repoussa d'un geste le pincement qui venait de serrer son cœur. Il n'était pas là pour ça, pas pour venir déballer ses regrets et ses rancoeurs sur les ruines de leur histoire. Heath, il ne l'avait pas recroisé depuis leur rupture. Ils ne s'étaient pas adressés le moindre mot. Dans le couloir, William ne pensait à rien d'autre qu'au motif de sa venue, et ne prit pas la moindre seconde pour mesurer ce qu'il était en train de faire en appuyant sur la sonnette.
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MessageSujet: Re: ties. (heath)   ties. (heath) EmptyLun 3 Aoû - 20:27

Sa première cigarette de la journée au coin du bec, il éteint la cafetière qui en avait fini de ronronner. Attrapant une tasse dans le placard juste au-dessus, il se servit une première rasade de café qui ne servirait pas, cependant, à le réveiller tout à fait. Heath n'avait jamais rien eu d'un lève-tôt et ses fréquentes soirées à rallonge passées dans les bars n'avaient jamais rien fait pour changer les choses. L'ironie dans tout cela était qu'il avait rapidement découvert que son pic majeur d'inspiration se trouvait non pas en plein milieu de la nuit, comme de nombreux gratte-papiers de sa connaissance, mais entre 6h30 et 8h45. Il lui arrivait parfois d'écrire quelques lignes intéressantes dans la soirée, mais c'était bien aux aurores que ses mots prenaient tout leur sens. La vie s'était ainsi vengée de tous les privilèges qu'elle lui avait offert et jamais il n'oubliait de la maudire lorsqu'il posait son premier pied au sol, à 6h du matin. Lentement, les paupières encore lourdes de sommeil, il se traîna jusqu'à la partie salon de son loft qui, dans ces circonstances, lui paraissait toujours beaucoup trop grand. Il posa sa tasse sur la table basse avant de se laisser tomber dans son canapé, sans la moindre grâce. Là, il tira sur sa cigarette, en appréciant les premiers effets apaisants, les yeux fermés. Il prendrait le temps de terminer sa tasse, de sentir les premiers symptômes du réveil, avant de descendre chez l’épicier du coin pour acheter les œufs qui lui manquaient pour le petit déjeuner salé dont il mourait d'envie. Il avait beau être rentrée relativement tôt la veille -il devait être 2h30 du matin à peine-, il sentait encore, dans un coin brumeux de son crâne, les effets de l'alcool et de l'abus de cigarettes. Et il n'y avait jamais eu de meilleur remède contre la gueule de bois qu'un œuf sur le plat et deux ou trois tranches de bacon grillées. Sans être un as des fourneaux, il avait vite appris que la meilleure façon de supporter les réveils trop matinaux était un bon petit déjeuner, aussi savait-il désormais en préparer d'aussi copieux que délicieux, à la mode de tous les pays. Mais pour l'heure, il avait encore un pied du côté de chez Morphée et il aurait été peu judicieux de se frotter au gaz à moins de vouloir faire sauter l'immeuble entier. Il se redressa difficilement, attrapa sa tasse et la vida presque d'un trait, grimaçant sous le coup de l'amertume qui envahit son palais. Il reposa le mug presque vide et écrasa le reste de sa cigarette dans le cendrier, recrachant sa dernière volute de fumée. Les yeux perdus dans le vague, encore incapable d'avoir la moindre pensée cohérente, il resta là de longues minutes, parfaitement immobile, jusqu'à ce que sa chienne vienne passer sa tête sous son bras, langue pendante. Cette vision le fit sourire et il gratta la petite tête de Shark qui ne tarda pas à grogner de plaisir. Il n'y avait décidément rien de plus efficace qu'un chien pour éloigner stress, fatigue et mauvais humeur, pensa-t-il alors qu'elle posait sa tête sur son genoux, béate. Elle se redressa néanmoins aussitôt, alors que le bruit de la sonnette résonnait dans tout l'appartement. Heath grimaça, grogna, se passa une main derrière la nuque avant de se laisser mollement tomber contre le dos du canapé. Un coup d’œil à l'horloge lui indiqua qu'il était à peine 6h30. Quel être sensé viendrait frapper à sa porte à cette heure indue de la journée ? Très peu pour lui l'envie d'aller vérifier, et sans doute s'en serait-il tenu à cette dernière résolution si l'intrus n'avait pas insisté. Au second coup de sonnette, il poussa un soupir, prit son paquet de clopes et se dirigea lentement vers l'entrée, d'où un troisième coup de sonnette retentit. « Ouais, ouais, ça va. » marmotta-t-il entre ses dents, avant d'y glisser une cigarette tout juste allumée. Il ouvrit finalement la porte d'un geste brusque, et manqua avaler sa cigarette en découvrant celui qui se tenait sur le seuil de son appartement. Un instant, il crut rêver. Sans doute s'était-il rendormi après la première tentative de son réveil de le mettre sur pied. Il hésita à se pincer. Il n'en fit rien, évidemment. « Qu'est-ce que tu fous là ? » laissa-t-il échapper, les yeux toujours agrandis par la surprise et ne faisant pas mine de l'inviter à entrer.
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MessageSujet: Re: ties. (heath)   ties. (heath) EmptyMar 4 Aoû - 0:11

Sûrement, William aurait eu le temps de réfléchir durant les secondes qui espacèrent les coups de sonnette. Aurait eu le temps de mesurer l'impact qu'aurait ce geste quand Heath se présenterait à la porte pour lui ouvrir, ou pire qu'il découvrirait les traits d'un autre homme qu'il ne connaissait pas et seraot venu le remplacer ces derniers mois, aurait investi le tiroir dans lequel il rangeait ses affaires et dont il était maintenant définitivement exclu. Aurait eu le temps de se rappeler de tous les moments passés ici, tous les deux, enfin loin de l'agitation du centre ville, de Soho et de ses boites, des restaurants branchés dans lesquels ils se donnaient rendez-vous, parfois accompagnés d'un photographe d'un tabloïds quelconque cherchant à vendre du papier sur l'écrivain génial. Qui avait-il de vraiment intéressant à dire sur eux quand ils formaient un couple ? Quand les jours devinrent des semaines, les semaines des mois, et les mois des années ? Qu'ils ne provoquaient aucun autre scandale que celui, si rare, d'être tout simplement heureux ensemble. Avant leur rencontre, Will était tombé amoureux une fois. Oh, il y avait aussi cette seconde fois, au lycée, ces amours d'adolescent dont on se souvient avec un sourire un peu honteux, un peu nostalgique. Elle ne comptait pas vraiment, cette fois là, quand la deuxième marqua plus durement ses expériences. Il avait fait un trait sur l'amour, avait décidé que ce ne serait plus pour lui, que l'on finissait bien trop facilement avec le cœur en miettes pour seulement quelques années de bonheur. Que cela faisait plus mal qu'un coup porté en plein visage, et que le temps pansait les peines amoureuses avec une patience pleine de zèle. Ce n'était plus pour lui, il n'aimerait plus, fermerait son cœur à double tour, se laisserait aller aux plaisirs purement physiques. Une résolution que bon nombre d'hommes et femmes bafoués s'étaient jurés, comme un fêtard annoncerait qu'il ne toucherait plus jamais à la moindre goutte d'alcool. Une résolution qu'il avait tenue pendant des années, préparant sûrement le terrain pour voir de nouveau son cœur se briser à l'issue d'une relation qui compta bien plus que l'ancienne. Heath s'était imposé dans sa vie dans une facilité déconcertante. Il avait suffit de quelques sourires de sa part pour faire chavirer ses belles promesses et la froideur de ses sentiments ; il avait suffit de quelques oeillades pour le faire aimer encore. C'était dans ce même appartement, que pour la première fois, William lui avait dit l'aimer. Peut-être aurait-il du y songer, s'il n'avait pas été trop occupé à malmener la sonnette dans l'attente de voir cette porte s'ouvrir ; s'il n'avait pas été plongé dans sa mauvaise humeur, une idée unique lui tournant en tête. Pourtant, quand le visage de son ancien amant se dessina devant lui, sa gorge se noua, et son cœur dégringola. William serra la mâchoire une brève seconde, écarta ces sentiments qui semblaient vouloir le gagner, eux qui répondaient aux abonnés absents quelques minutes plus tôt. Un Qu'est-ce que tu fous là? l'accueillit et Will savait qu'il l'aurait sûrement reçu de la même façon s'il avait été celui tiré de sa torpeur par le fantôme de ses amours passés, ne lui en tint pas rigueur. « Bonjour à toi aussi, Heath. » Ce prénom, il l'avait répété cent fois après leur rupture, quand ses amis lui demandaient comme il allait, et qu'il n'avait qu'un prénom à blâmer, qu'un prénom à regretter. « Inutile de tourner autour du pot. Est-ce que tu aurais gardé quelques unes de mes affaires ? » il ne lui laissa pas le temps de réponse, enchaînant. « je cherche une croix, en argent. Une petite croix. » mima une distance entre son index et son pouce. « Je ne la trouve nul part chez moi et elle … est-ce que tu me laisserais entrer, le temps de la retrouver ? » qu'il soit l'acteur d'une scène ridicule lui effleura l'esprit, et alimenta sa mauvaise humeur. « je suis persuadé qu'elle est chez toi. Je ne serais pas venu sinon.»
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MessageSujet: Re: ties. (heath)   ties. (heath) EmptyVen 7 Aoû - 15:21

Les secondes passaient et il n'y croyait toujours pas. Tirer un trait sur William n'avait pas été chose facile, ce qui n'avait pas arrangé l'état de son ego, et encore moins de son humeur, qu'il avait eu massacrante des semaines durant. Et si Will n'était désormais plus la plaie béante des premiers temps, il n'en restait pas moins une hideuse ballafre sur son coeur que le temps, il le savait, ne suffirait pas à estomper. Et voilà qu'il venait frapper à sa porte, l'air de rien, comme s'ils ne s'étaient pas séparés aussi fâchés qu'il était possible de l'être lorsqu'on s'était aimé durant deux longues années. Incrédule, un sourcil haussé, il regarda son ex faire son numéro sur le seuil de son appartement. Pensait-il sincèrement qu'il allait lui ouvrir sa porte en grand pour un bijoux qui ne lui avait vraisemblablement pas manqué une seule fois en un an ? S'étaient-ils quittés en aussi mauvais termes pour qu'il se sente à ce point pris pour un débile profond ? Alors que Will approchait visiblement de la fin de sa tirade, Heath lâcha la poignée de la porte pour s'adosser au chambranle. Il l'observa un instant sans rien dire, avant d'attraper le bout de sa cigarette entre deux doigts et de la faire glisser hors de sa bouche. "Tu te moques de moi, c'est ça ?" dit-il finalement, rivant ses yeux à ceux de l'intru. Son ton se voulait calme et il parvenait étonnement bien à contrôler son agacement. Lui-même aurait pris soin de préparer une meilleure excuse s'il avait dû, par malheur, sonner chez lui après des mois d'un silence complet. A dire vrai, il aurait pu oublier la moitié de sa vie chez William qu'il ne se serait pas déplacé pour autant. Il était passé à autre chose et il n'avait aucune envie de remettre la main sur ce qui aurait pu lui rappeler une rupture aussi bête que douloureuse. Il se redressa finalement en poussant un soupir lourd se sens. "Ecoute." commença-t-il avant d'écraser sa cigarette dans le cendrier posé sur la petite table de l'entrée, dégoûté. "Même si c'était vrai, ça fait un bail que tes tiroirs ont été soigneusement vidés. Ton collier, je ne l'ai pas." Il se tut avant de plisser légèrement les paupières. "Alors non, je ne te laisserai pas entrer chercher quoique ce soit. J'ai même du mal à croire que tu aies osé venir le chercher jusque là, ou même pensé que je t'accueillerais avec le sourire." Il leva les yeux au ciel, plus navré par lui-même que par l'audace de son ex, audace qu'il aurait sans doute adoré quelques mois auparavant. Non, il était agacé par son propre agacement face à l'intrusion de William dans sa nouvelle page, celle où son nom n'était pas censé s'inscrire. Sans doute aurait-il mieux valu lui claquer la porte au nez et feindre d'ignorer qu'il s'était un jour tenu là. Mais quoiqu'il déclarât, il n'était pas encore aussi bien guéri de sa dernière histoire qu'il aimait le penser. Le fait est qu'il s'était rarement attaché, quand bien même William n'avait pas été sa première histoire à durer aussi longtemps. Lui avait-il seulement dit qu'il l'aimait ? S'il l'avait certainement pensé, il n'était pas exclu qu'il ait "oublié" de le dire à haute voix. Il n'avait jamais été particulièrement tendre, aussi avait-il beaucoup de mal à gérer les regrets et les souvenirs, surtout lorsqu'ils étaient douloureux. Aussi ne souhaitait-il à présent qu'une chose, voir son ancien amant descendre l'escalier et ne surtout pas se retourner. "Y a-t-il une vraie bonne raison à ta visite ou est-ce qu'on peut s'arrêter là ?" dit-il enfin, sans rien laisser paraître de son malaise. Bras croisés, de nouveau nonchalamment appuyé contre le chambranle de sa porte, il observait Will sans ciller.
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MessageSujet: Re: ties. (heath)   ties. (heath) EmptySam 15 Aoû - 13:46

William aimait toujours Heath. Vivait avec ce constat depuis leur séparation, restait lucide par rapport à ce fait, mais le voir aujourd'hui le lui rappelait avec plus de dureté. Quand il se levait le matin pour trouver un lit vide, ses pensées se tournaient vers lui. Quand il déjeunait parfois seul ou entouré d'amis, son absence lui pinçait le cœur. Et quand il se couchait le soir, un soupir accompagnait toujours le corps d'un nouvel amant, ou sa solitude. Will ne cumulait pas les échecs, mais sa séparation restait sûrement celui qui le hantait le plus. C'était trop frais, pensait-il parfois, mais combien d'années s'écouleraient avant qu'il ne puisse se dire qu'il était enfin rétabli ? Il ne savait pas, espérait parfois que cela s'apaiserait bientôt sans pourtant donner trop de place à ses espoirs amers. Dire qu'il avait un jour pensé qu'Heath était le bon, qu'ils resteraient des années tous les deux, dans ce même appartement devant lequel son ancien amant se tenait les bras croisés, ou dans un autre. Qu'il s'était laissé aller à rêver d'un futur à deux, avait lancé quelques projets, en l'air parfois quand ils étaient tous les deux couchés sur le lit, ou plus sérieux autour de la table du salon. Qu'ils avaient songé partir ensemble en vacances cette même année qui avait marqué la date de leur séparation, et qu'il avait du appeler, d'une humeur grise et le cœur lourd, l'agence pour dire que finalement, ils ne viendraient pas, ou peut-être viendrait-il seul explorer les terres d'Argentine. Un beau gâchis, d'espoirs et de bonheur, plus que de temps. Une jalousie que l'on avait pas réussi à dépasser et qui avait fait échouer l'équilibre fragile mais serein qu'ils s'étaient créés, avait éclaté leur bulle comme une aiguille perçant un vulgaire ballon. S'il le regrettait ? Amèrement, et sûrement y pensait-il toutes les semaines, si ce n'était tous les jours. Il aimait Heath, et se figurait parfois qu'il l'aimerait toujours. Son grand amour ; on était censé n'en connaître qu'un seul dans sa vie, n'est-ce pas ? C'était du moins ce qu'il avait pu lire dans les milliers de pages des romans qu'il avait ouvert, crachant aujourd'hui sur les belles fins des ouvrages victoriens. Cela n'arrivait que dans des univers de fiction. Dans la réalité, les piques détruisaient briques par briques les fondations du bonheur ; elles entamaient avec efficacité tout ce que l'on cherchait à entreprendre. Elle laissait entrer des personnes qui se disaient nos amis, et qui au final cachaient contre eux un couteau qui dévastait tout après leur passage. Là, dans le couloir, la réaction de Heath, si elle le blessa, ne le surprit pas vraiment. Qu'attendait- il vraiment ? S'était-il sincèrement imaginé qu'il lui ouvrirait la porte en grand, lui proposerait peut-être même un café en lui disant de s'installer avant de retrouver ce qui lui appartenait ? L'ampleur du ridicule de cette situation alimentait l'énervement qui le gagnait, à l'image des paroles de son ancien amant. Heath avait toujours été dur, bien moins démonstratif que lui, mais dans les mots acerbes il se faisait roi. La mâchoire serrée, William ne dévia pourtant pas le regard, et ne laissa rien paraître des fissures qui se rouvraient dans sa poitrine, meurtrissaient son cœur. Sa voix, également, sembla devenir plus froide malgré la chaleur de sa colère grimpante. « Moi non plus, rassure toi, ça me fait pas plaisir de te voir. Je n'attendais pas un sourire, je veux juste récupérer ma croix. Elle est chez toi, tu me laisses entrer deux minutes, et je te fous la paix pour de bon. » Sa paix, n'était-il pas censé lui avoir laissée, déjà, le jour de leur rupture ? L'accord tacite de ne plus jamais se revoir, ne plus jamais se recroiser qu'ils avaient tenu depuis ce fameux jour ? Qu'importe si Soho était un lieu qu'ils fréquentaient tous les deux. Elle était là, cependant, sa croix. Et il ne pouvait pas partir bredouille, savait que s'il remontait maintenant dans sa voiture, il lui resterait toujours la possibilité de la savoir perdue quelque part dans cet appartement dans un coin de tête ; qu'il continuerait à se torturer l'esprit en cherchant à la retrouver. Il fallait qu'il entre, pour seulement quelques minutes. « Non, je n'avais pas de raison particulière, hormis cette croix. Si tu crois que je suis venu dans une tentative bidon pour recoller les morceaux, tu te trompes. » Il laissa entendre un soupir, plus énervé que lassé, et son regard, enfin, dévia de celui d'Heath.
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