☆ « one last time » you said ? ft. casey

Une nuit qui peine à tomber en ces jours d'été, ces derniers prolongeant parfois la présence du soleil après même vingt-et-une heures passé. La journée a été aussi fatigante que d'habitude. Ironie. Wolfgang, comme à son habitude, a commencé en allant se chercher un café dans l'établissement spécialisé dans ces boissons. Trop flemmard pour utiliser la nouvelle machine à café qu'il possède, il se dit que c'est grâce à cette lassitude qu'il fait marcher l'économie des commerçants en leur fournissant généreusement une petite partie de sa fortune sans même compter le montant qu'il se permet de leur tendre. Des billets parfois trop conséquents pour le simple breuvage acheté, il ne reprend jamais la monnaie. Certains voient en cela un acte de générosité, d'autres perçoivent une arrogance qu'il ne peut cacher et qu'ils traduisent instinctivement par « Regardez-moi, j'ai de l'argent, et je vous le donne à vous, mes pauvres gueux ».  Ces stéréotypes sur les individus fortunés, il a appris à les laisser de côté, à ne pas y faire attention si bien qu'il en vient à user du sarcasme et de l'ironie pour répondre à ceux qui osent s'avancer afin d'énoncer le fond de leur pensée. Mais encore une fois, peu sont ceux qui saisissent le second degré.

L'après-midi passe bien trop rapidement à son goût. Quelques longueurs dans l'un des bassins municipaux de la capitale, il a l'impression de n'avoir passé qu'une petite heure à jouer les poissons sous les yeux pleins d'étoiles de filles, adolescentes et femmes qui en ont perdu le fil de leur entraînement pour leur régime. C'est en allant dans les vestiaires qu'il consulte son téléphone portable, comme il a l'habitude de le faire après chaque visite à la piscine. Il consulte ses comptes sur les réseaux sociaux, ses emails, en suppriment quelques uns quand il se rend compte que la personne qui l'en lui envoie ne mérite pas particulièrement son attention. Et finalement, un tour dans les messages reçus par sms. Il fronce doucement les sourcils, laissant apparaître ce creux au bas de son front et témoignant de l'air intrigué dans lequel il est désormais. Son ancien garde du corps. Le bodyguard, Casey, qu'il a fait virer sur un coup de tête parce qu'il n'en pouvait plus de cette présence suffocante, étouffante. Un sms qui le laisse perplexe, une tournure de phrase qui laisse penser qu'il y a quelque chose d'autre. Quelque chose d'inhabituel par rapport aux rendez-vous donnés précédemment. Il relit une dernière fois le petit texte sur l'écran, et finit par répondre par une réponse affirmative en lui demandant de le rejoindre au même lieu qu'avant.

Si Wolfgang n'a pas besoin de crier haut et fort qu'il éprouvait une attirance pour les femmes car les journalistes le voyaient bien assez souvent aux bras de différentes donzelles, il préfère faire profil bas quand il s'agit des hommes. Personne, ou alors très peu d'individus, se doutent qu'il est parfois épris de pulsions qui le poussent à se tourner vers sa propre gent. Une honte pour lui, quelque chose qui le répugne et il ne sait dire pourquoi il se sent si mal à l'aise avec ce trait de sa personnalité. Il serait sûrement prêt à blâmer son éducation pour ce côté qu'il considère comme un défaut, comme étant l'imperfection du caractère qu'il a. Pourtant, on a essayé de le convaincre maintes et maintes fois qu'il n'y avait rien de mal à désirer les hommes autant que les femmes. Casey lui-même a tenté à plusieurs reprises de lui ouvrir les yeux, mais jamais il n'a réussi à lui soutirer les mots de sa propre bouche, jamais Wolfgang n'a réussi à prononcer qu'il se fichait du regard des autres concernant ses préférences.

Vingt-heures. C'est au Montcalm qu'il a donné le lieu de rendez-vous. Il sait que quelque chose ne va pas, que quelque chose n'est pas normal d'après le message reçu. Mais il n'empêche qu'il reste fidèle à la suite qu'il possède dans l'établissement hôtelier, même en ces circonstances. Ces employés qui respectent la vie privée d'autrui, qui ne viennent pas à faire leur commère quand ils voient une pseudo-célébrité car ils savent qu'ils peuvent se faire renvoyer en un rien de temps. Il monte l'ascenseur qui l'emmène à un l'un des plus hauts étages. C'est dans un soupir qui souligne une certaine fatigue qu'il pousse la porte d'entrée de sa suite. Il fait un pas, pénètre dans le lieu et referme aussitôt l'ouverture en jetant avec son autre main le téléphone portable qu'il tenait auparavant dans l'une de ses paumes. L'attente. Il la déteste, il hait voir l'horloge tourner, les aiguilles s'avancer, et lui qui est installé sur le canapé en cuir noir en face d'une télévision qu'il s'empresse d'allumer. Faire passer le temps. Quelle idée d'arriver trente minutes avant ? Il se relève pour aller se chercher à boire dans le frigo qui se trouve derrière lui. Une bière, simple mais rafraichissante. Il a tout le look du mec glandeur et au chômage, qui ne cherche pas de boulot, avec son simple jeans et son tee-shirt noir, à traîner en chaussette sur un marbre qui demanderait bien un peu de respect. Tic tac. Il aurait bien envie de jeter sa bouteille sur l'horloge, mais à la place, il choisit de se laisser tomber sur le canapé et de fixer le programme qui passait à la télé. Mieux vaut ça, que de défoncer toute la suite parce qu'il s'ennuie, non ?

Casey arriva cing minutes après l'heure prévue, lui d'ordinaire ponctuel avait eu du mal à quitter Nick, à qui il avait simplement expliqué qu'il devait voir son meilleur ami ce soir et qu'il ne pouvait être avec lui. Mensonge qu'il avait détesté dès que c'était sortit d'entre ses lèvres. Mais c'était trop tard, Nick l'avait embrassé en lui souhaitant une bonne soirée et le blond était parti, direction l'hôtel qu'il fréquentait assez souvent en compagnie de Wolfgang. Contrairement à sa première soirée avec Nick, il n'était pas nerveux. Il savait que tôt ou tard la "relation" qu'il entretenait avec l'héritier devait toucher un terme, ce n'était pas sain pour lui comme pour son amant mais le blond n'avait jamais pensé que cela finirait aussi vite. Il pensait pouvoir profiter de cet arrangement encore quelques années, ne s'étant pas imaginé en couple avec quelqu'un aussi vite. Il récupéra sa carte à la réception et monta dans l'ascenseur en pensant à ce qu'était devenu sa vie en seulement une semaine. Une semaine auparavant, Casey était encore célibataire, trouvant réconfort auprès de Wolfgang quand la vie était trop solitaire, tout en étant secrètement amoureux de son employeur. Il travaillait toujours pour Nick aujourd'hui, mais les choses entre eux étaient désormais différentes. Casey ne toqua pas à la porte lorsqu'il entra dans la chambre, il nota que Wolf devait déjà être là, il pouvait entendre le bruit de la télé et se dirigea vers le salon, retirant sa veste ainsi que sa cravate. "Salut, désolé pour le retard." Il n'essaya pas de lui mentir, Wolfgang avait ce don pour déceler tout mensonge qu'il pourrait lui sortir, et puis à quoi bon mentir, il était adulte, avait fait son choix et il devait désormais l'assumer. Imitant le jeune homme, il se prit une bière avant de s'installer à ses côtés. La question maintenant était de lui annoncer la chose, sans mentionner Nick. Les deux jeunes hommes se connaissaient et les relations étaient loin d'être au beau fixe. La dernière chose que Casey voulait était que Wolfgang apprenne qu'il avait des sentiments pour Nick. Le blond prit plusieurs gorgées de sa bière avant de la reposer sur la table basse et de se tourner vers Wolfgang. "J'imagine que tu dois d'en douter un peu, vu le message que je t'ai envoyé mais j'ai quelque chose à te dire." Il s'humecta les lèvres avant de reprendre. "Notre...arrangement...on va devoir arrêter, j'ai rencontré quelqu'un." déclara t'il sans attendre de réponses de Wolfgang, autant le dire de suite, comme arracher un pansement pour ne pas que ça fasse trop mal. Casey, de toute manière, n'était pas le plus doué pour ce genre de conversation.

Quelle idée d'allumer la télévision à cette heure-ci ? Les programmes sont tous aussi inintéressants les uns que les autres. Une télé-réalité qui prend de l'ampleur, ne favorisant pas le développement intellectuel des jeunes gens d'aujourd'hui. Wolfgang est bien content de ne pas être de cette génération d'individus qui passent leur journée sur des programmes aussi scriptés et sur-joués. Des émissions qui essaient parfois de retranscrire la vie de jeunes riches, pleins aux as, se basant sur des stéréotypes qui ne font qu'amplifier ce goût amer envers les fortunés de Grande-Bretagne et du monde entier. Comment peut-on croire de telles idioties, comment peut-on penser que vivre parmi les plus grandes richesses du monde pouvait être que bonheur et amour, alors qu'il y a cette aversion grandissante envers ces personnes, alors qu'eux aussi ont des responsabilités qu'ils doivent prendre en main pour mener à bien leur existence mais aussi les plus prestigieuses entreprises au niveau international ? On pense bien trop souvent que les personnes aisées sont ceux qui profitent le plus de leur argent, mais cela n'est pas toujours vrai. Regardez Wolfgang. Il porte un patronyme avantageux et pourtant, on lui pose des limites qui l'empêchent d'assouvir certains désirs.

Soûlé par le tissu de conneries qui sort des lippes de la présentatrice et des participants, il s'apprête à prendre en main la télécommande afin d'éteindre la télévision lorsqu'il entend la poignée de la porte qui s'enclenche. Fronçant légèrement les sourcils en buvant une gorgée de bière, il ne prend que difficilement la peine de se redresser, mais ne voit pas l'intérêt de tourner son faciès vers le couloir qui mène au salon. « Salut, désolé pour le retard. » C'est avec un simple signe de tête qu'il répond, faisant mine d'être absorbé par le programme que lui même est en train de maudire dans son esprit. Il entend la porte du frigo qui s'ouvre. Sûrement une bouteille de bière. L'homme s'installe à ses côtés. Certaine distance que Wolfgang remarque et qu'il traduit par un léger sourire aux lèvres. « J'imagine que tu dois d'en douter un peu, vu le message que je t'ai envoyé mais j'ai quelque chose à te dire. » Et comme Wolfgang est loin d'être le dernier des imbéciles et qu'il décèle si facilement les simulacres d'une vérité indéniable, il sait qu'on ne lui mentira pas. Du moins, il l'espère. Peu importe le contenu de la conversation, que ce soit blessant ou joyeux, il s'en fiche. Il préfère qu'on ne lui raconte pas des bêtises et qu'on vienne directement au but. « Notre...arrangement...on va devoir arrêter, j'ai rencontré quelqu'un. » Ce n'est absolument pas une colère qui lui monte à l'essence, ni même de l'irritation. Mais une curiosité qu'il a besoin de combler, une curiosité qu'il veut satisfaire. Wolfgang a toujours aimé se mêler des choses qui ne le regardaient que de loin, ou voire pas du tout. Et présentement, il ressent le besoin d'avoir un nom associé à ce quelqu'un.

Il se redresse en posant sa bière sur le rebord de la table, constatant maussadement qu'il l'a déjà presque terminé. « Quelqu'un comme... ? » lance-t-il innocemment, comme si Casey allait lui servir le prénom sur un plateau et repartir de plus belle. Il a toujours ce sourire aux lippes, par habitude plus qu'autre chose. Il se racle la gorge avant de continuer. « Te méprends pas hein. C'est pas de la jalousie. Simple curiosité. » Simple curiosité. Presque obsessionnelle. Wolfgang a ce besoin de tout savoir, sur tout le monde, dans tous les sujets. Il ne supporte pas être ignorant, peu importe le domaine et les individus. « Mais je note tout de même, que tu m'as fait déplacé jusqu'ici, moi, crevé par mon après-midi natation. » Et ça, c'est bien vrai. Si Wolfgang a parfois l'habitude d'enjoliver les choses, de les peaufiner pour qu'on ait pitié de lui et des efforts qu'il doit faire chaque jour, cette fois-ci, il ressent bien une certaine fatigue au niveau des bras et des jambes. Il tourne son regard vers son interlocuteur, prenant une mine presque jugeuse. « T'aurai pu envoyer un simple sms pour me le dire. Ça t'aurait évité mon interrogatoire. » Parce que de toute façon, Wolf, il compte bien dénicher le prénom. Tôt ou tard. Mais si ça pouvait être durant la soirée, ce serait cool et ça lui éviterait de faire des recherches à l'extérieur et de jouer les stalkers.

Casey esquissa un sourire à la question de Wolf, légitime après tout, mais à laquelle il n'allait pas répondre, et le jeune homme le savait pertinemment. Wolfgang avait besoin de savoir tout sur tout, le blond ne comptait plus le nombre de questions auxquelles il avait du répondre sur son passé. Il avait répondu à certaines, mais pour d'autres il avait prit un joker. Si leur relation avait été différente, peut être, sûrement même, se serait il ouvert un peu plus, aurait partagé un peu plus, mais leur relation était ce qu'elle était, et elle ne serait jamais une relation de couple qui partage tout. "Quelqu'un qui ne te connaîtrait pas comme moi le prendrait pour de la jalousie." répondit Casey en regardant Wolfgang. Il y avait une distance entre eux qui n'était pas habituelle, même s'ils ne se jetaient pas l'un sur l'autre dès qu'ils se retrouvaient seuls, c'était étrange de savoir que les choses ne se passeraient pas comme d'habitude ce soir. Car Casey pouvait dire ce qu'il voulait sur cette relation, il s'y était habitué malgré tout. "T'es quand même venu malgré ta fatigue, je salue l'effort." dit Casey en prenant sa bière et en la levant, comme pour trinquer à l'effort effectué par le jeune homme. Ce n'était pas de la moquerie, même si Wolf avait parfois tendance à exagérer, et même si Casey le savait, il tombait dans le panneau à chaque fois. A sa remarque il détourna le regard, fixant sa bouteille de bière avant d'hausser les épaules. "Ca ne semblait pas...bien. Tu mérites pas ça." répondit il après un silence, buvant un gorgée de sa bière comme pour se donner quelque chose à faire, se protéger derrière une faible carapace alors qu'il venait tout juste de s'ouvrir. C'était Casey ça, un pas en avant, deux en arrière. "Puis je voulais te voir une derrière fois avant, je peux trop expliquer pourquoi, malgré tout, t'es un type attachant." lança Casey sur un ton humoristique, faisant un petit sourire.